Le 3 juin, la chancelière allemande, Angela Merkel, a envoyé un signal positif à la France en soutenant la proposition d'Emmanuel Macron de composer une force militaire d'ampleur européenne. Il ne s'agit cependant pas à proprement parler d'une force rattachée à l'Union européenne, car la Grande-Bretagne a d'ores et déjà apporté son soutien à cette initiative qui est aussi considérée comme une chance de rapprochement avec le Royaume-Uni post-Brexit.
Ce contingent prendrait la forme d'une «force d'intervention» destinée à agir sur des théâtres d'opération extérieurs et qui intégrerait les nombreuses armées européennes, les poussant à travailler en plus étroite collaboration.
Nous devons parvenir à une situation similaire à celle des Etats-Unis
«Je suis en faveur de la proposition du président Macron pour une force d'intervention», a déclaré la chancelière au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, avant cependant de tempérer : «Toutefois, une telle force d'intervention, avec une culture militaire stratégique commune, devra s'intégrer à la structure de coopération de défense.»
Elle en a profité pour souligner les efforts de synergie à mettre en place : «La défense européenne est très importante. A partir des 180 systèmes d'armement qui coexistent actuellement en Europe, nous devons parvenir à une situation similaire à celle des Etats-Unis, où il y a seulement 30 systèmes d'armement.»
Connue pour son atlantisme plutôt traditionnel et dotée d'une armée nationale chroniquement sous-équipée, un geste en faveur de cette initiative était attendu de longue date de la part de l'Allemagne, dont les réticences sur le sujet constituait un obstacle au projet.
En 2017, 23 Etats membres de l'UE avaient déjà donné leur accord pour une coopération européenne sur la défense, mais le projet est resté au stade embryonnaire, surtout outre-Rhin où le sujet du rôle de l'armée au cours de la Seconde Guerre mondiale reste sensible. A ce titre, Angela Merkel a bien pris soin de rappeler que l'armée allemande au sein de ce contingent resterait sous le commandement du Parlement et pas du gouvernement et qu'elle «ne participerait pas à toutes les missions».
La précédente initiative en ce sens, nommée Eurofor (Force d'intervention rapide européenne) avait pris fin en juin 2012 après avoir été fondée en 1995. L'Eurofor avait été constituée par la France, l'Espagne et l'Italie, rejoints un an plus tard par le Portugal. Il s'agissait d'une force terrestre non-permanente destinée à répondre à des missions ponctuelles grâce à un réservoir de forces allant jusqu'à 10 000 militaires.