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L'Arabie saoudite menace le Qatar d'une «action militaire» s'il achète des batteries S-400 russes

Alors que Doha négocie avec Moscou l'achat du système de défense antiaérienne et anti-missiles S-400, l'Arabie saoudite menace le Qatar d'une «action militaire» si l'accord venait à être conclu, selon un courrier révélé par Le Monde.

Amorcée l'année dernière, la crise diplomatique entre Doha d'un côté et Riyad et ses alliés du Golfe de l'autre n'a pas cessé, et vient peut-être de franchir un nouveau cap. L'Arabie saoudite a en effet menacé de mener une «action militaire» contre le Qatar, s'il venait à acquérir des batteries de défense antiaérienne russes S-400, selon des informations du journal Le Monde, qui cite une lettre envoyée par la couronne saoudienne à la présidence française.

Dans ce courrier, le roi Salmane a fait part de sa «profonde préoccupation» quant aux négociations qui se tiennent actuellement entre Doha et Moscou, estimant que l'acquisition de S-400 par le Qatar mettrait en péril la «sécurité nationale» de ses voisins du Golfe persique. Si un tel accord venait à être conclu, «le Royaume serait prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ce système de défense, y compris l'action militaire», prévient le courrier adressée au président Emmanuel Macron, demandant à Paris d'exercer une pression diplomatique sur Doha pour éviter qu'il ne le soit.

En janvier dernier, l'ambassadeur du Qatar en Russie avait noté que les deux pays avaient déjà bien avancé dans les négociations concernant l'achat du sophistiqué système de défense S-400. A l'époque, Fahad bin Mohammed Al-Attiyah avait souligné qu'un accord de coopération militaire, signé en octobre 2017 lors de la visite du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou à Doha, avait ouvert la voie à une interaction entre la Russie et le Qatar «dans le domaine de la défense, y compris les livraisons de matériel, la formation des soldats et des officiers, l'entretien des armes et la coopération des services spéciaux».

Ce rapprochement était intervenu après la décision quelques mois plus tôt de l'Arabie saoudite, de l'Egypte, du Bahreïn, et des Emirats arabes unis de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, qu'ils accusent de soutenir et de financer le terrorisme. Doha est également coupable selon eux de «s'ingérer» dans les affaires intérieures de ses voisins et d'exprimer son soutien au grand rival régional de l'Arabie saoudite, l'Iran.

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