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«Plus de travail, moins de corruption» : le jugement de Juncker sur l'Italie soulève un tollé

Au lendemain de la constitution d'un gouvernement en Italie, le président de la Commission européenne a jugé que ses régions pauvres devraient travailler plus et faire preuve de «sérieux». Matteo Salvini a dénoncé des paroles «honteuses et racistes».

Alors que l'Italie est parvenue à trouver une issue à sa crise politique, notamment liée à la question de l'euro, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker est parvenu à attiser de nouveau les tensions entre l'Union européenne et Rome. En cause : les propos suivants, tenus lors d'une séance de questions-réponses avec le public d'une conférence sur l'avenir de l'Europe à Bruxelles, le 31 mai : «C'est aux Italiens de s'occuper des régions pauvres de l'Italie. Cela signifie plus de travail, moins de corruption, du sérieux.»

La réaction outrée du chef de file de la Ligue et nouveau vice-Premier ministre, Matteo Salvini, ne s'est pas fait attendre, celui-ci qualifiant ces paroles de «honteuses et racistes».

Le président du Parlement européen, l'Italien Antonio Tajani (du parti de droite Forza Italia), a pour sa part demandé à Jean-Claude Juncker «de démentir immédiatement les phrases qui lui sont attribuées, car si elles étaient vraies, elles seraient inacceptables».

Deux jours plus tard, le 2 juin, le président de la Commission européenne a néanmoins appelé, dans un entretien à des journaux allemands, à «respecter l'Italie» et son gouvernement populiste Mouvement 5 étoiles-Lega, et à «ne pas faire la leçon» à Rome. «Je plaide pour une manière sereine d’agir. Je ne souhaite absolument pas m’immiscer dans des questions de politique intérieure italienne», a-t-il poursuivi.

Indignation provoquée par un commissaire européen 

En début de semaine, une polémique avait déjà été déclenchée par les propos du commissaire au Budget Günther Oettinger, qui avait jugé que les réactions des marchés à la situation politique en Italie pourraient convaincre les électeurs «de ne pas choisir des populistes de gauche et de droite». Günther Oettinger, accusé d'ingérence, s'était ensuite excusé. Et Jean-Claude Juncker était lui-même intervenu, en déclarant que le sort de l'Italie «ne saurait dépendre des injonctions que pourraient lui adresser les marchés financiers».

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