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L'Iran menace les dirigeants américains de finir comme Saddam Hussein en cas d'attaque

Menacé des «sanctions les plus fortes de l'Histoire» par Washington, l'Iran hausse le ton. Téhéran a fixé sept conditions aux Européens pour rester dans l'accord sur le nucléaire, tout en déconseillant vivement aux Etats-Unis de mener une attaque.

Les Gardiens de la révolution iranienne ont averti les Etats-Unis ce 23 mai par voie de communiqué, diffusé sur la télévision publique, sur le sort qu'ils réservaient aux membres du gouvernement américain s'ils s'avisaient d'attaquer l'Iran. «Les dirigeants américains ont compris que s'ils attaquaient l'Iran, ils connaîtraient un sort similaire à celui de Saddam Hussein», ont ainsi fait savoir les membres de ce corps d'élite qui dépend directement du Guide de la révolution Ali Khamenei, selon des propos rapportés par Reuters. L'ancien chef de l'Etat irakien Saddam Hussein a été exécuté par pendaison le 30 décembre 2006, après que les Etats-Unis et leurs alliés ont envahi le pays en 2003.

Après cette mise en garde, le guide suprême iranien a donné sept conditions aux pays européens pour que l'Iran continue de se conformer à l'accord sur le nucléaire, selon Reuters. Parmi celles-ci, Téhéran demande notamment à l'Europe de renoncer à négocier sur le programme balistique de l'Iran et sur ses activités régionales. Sur le volet économique, les Iraniens réclament également que les banques européennes protègent le commerce avec la République islamique, et continue à acheter du pétrole iranien, en dépit des pressions américaines.

Et pour cause, Washington a menacé à plusieurs reprises les entreprises européennes continuant à commercer avec l'Iran, de représailles. La Maison Blanche a mis en garde de manière encore plus directe Téhéran, menaçant le pays des «sanctions les plus fortes de l'Histoire» s'il ne se pliait pas aux 12 exigences nécessaires à la conclusion d'un nouvel accord formulées par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo le 21 mai. Les conditions fixées par Washington sont pourtant a priori «irréalistes», de l'aveu même de Mike Pompeo : mettre un terme au développement de missiles balistiques, libérer les ressortissants américains détenus dans ses prisons, cesser de soutenir le Hezbollah en Syrie ou encore ne plus menacer Israël ou l'Arabie saoudite.

Téhéran a toujours fait savoir qu'il ne renégocierait pas l'accord sur le nucléaire de 2015, conclu au bout de plusieurs années de négociations acharnées, et dont les Etats-Unis se sont retirés en mai 2018.

Le 23 mai, l'ayatollah Ali Khamenei a réitéré sa position : «La République islamique ne peut pas négocier avec un gouvernement qui viole tranquillement un traité international, retire sa signature [du texte] et, dans un show théâtral, se vante de son retrait à la télévision.» «L'Iran respectait l'accord. Ils [les Américains] n'ont aucune excuse. L'Agence internationale pour l'énergie atomique a vérifié à plusieurs reprises le respect par l'Iran de ses engagements [...] L'actuel président américain rencontrera le même dessein que ses prédécesseurs [...] et disparaîtra de l'Histoire», a poursuivi le Guide de la révolution.

La France met en garde contre une radicalisation des positions

Au milieu de ce face-à-face, la France, de même que les pays européens, a réaffirmé son soutien à l'accord de 2015 et souhaite continuer à commercer avec la République islamique. Et pour cause, les entreprises françaises avaient à peine eu le temps de reprendre pied dans ce pays, frappé par des lourdes sanctions américaines (et plus tard, européennes) depuis la Révolution islamique de 1979 qui a renversé le Shah. Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire s'est ainsi indigné que les Etats-Unis jouent au «gendarme économique de la planète». 

Quant au chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, il a estimé le 23 mai sur France Inter que la «posture» américaine sur l'Iran n'allait «pas favoriser le dialogue». «Au contraire, cela va favoriser en Iran la présence et la puissance des conservateurs, cela va affaiblir le président [Hassan] Rohani qui voulait négocier», a-t-il déclaré sur les ondes de la radio publique. «Finalement, cette posture risque de mettre davantage en danger la région que ça ne l'est aujourd'hui», a-t-il ajouté.

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