La pression s'intensifie sur Facebook et son patron, Mark Zuckerberg, pressé de toutes parts d'apporter des garanties de sécurité à ses utilisateurs, notamment par les parlementaires aux Etats-Unis et en Europe. Le 22 mai, Mark Zuckerberg était auditionné par la Сommission européenne après avoir été entendu par le Congrès américain les 10 et 11 avril. Les députés européens voulaient obtenir des réponses à leurs questions et des engagements de la part du géant numérique. Ils ne se sont pas privés de le faire savoir, avec force.
La prestation de l'ancien Premier ministre Guy Verhofstadt a particulièrement été remarquée : «Vous me rappelez le personnage d'un livre, Monsieur Zuckerberg, celui d'un livre de Dave Eggers, Le Cercle. Ce livre parle de grosses sociétés qui gèrent des données et qui deviennent hors de contrôle, et même leurs patrons n'ont plus le contrôle. Ces données sont ensuite utilisées dans des élections et ça me rappelle grandement la réalité...», à en croire le HuffPost, Mark Zuckerberg a commencé à pâlir après avoir reçu cette salve de la part chef du groupe ADLE (les libéraux-démocrates du Parlement européen).
Vous vous êtes excusé au moins 15 ou 16 fois ces 10 dernières années
Mais la correction du parlementaire n'était pas terminée, loin s'en faut. Guy Verhofstadt a ensuite fait remarquer à Mark Zuckerberg qu'il s'excusait trop souvent à son goût : «Et puis il y a le fait que vous ayez moins, voire pas du tout, de contrôle sur votre entreprise. Cela se voit parce que vous ne cessez de vous excuser, vous ne cessez de vous excuser, vous vous êtes excusé au moins 15 ou 16 fois ces 10 dernières années... [...] Cette année ça fait déjà deux, non trois fois même, que vous vous excusez, et nous ne sommes qu'au mois de mai.»
Je pense qu'il n'y a qu'une solution : un contrôle public
Puis l'eurodéputé a demandé au patron du réseau social si son entreprise allait vraiment remédier aux fragilités démontrées en matière de protection des données depuis l'affaire Cambridge Analytica, tout en sous-entendant que ce n'était guère probable...
Enfin, il a proposé une solution radicale : «Moi, qui suis pourtant un libéral, un soutien du marché libre, je pense qu'il n'y a qu'une solution, et c'est un contrôle public.» Et de brandir une pétition «signée par plus d'un million de citoyens européens» allant en ce sens. Guy Verhofstadt réclame également un dédommagement financier pour tous les utilisateurs lésés par les failles de sécurité de Facebook et dont les données personnelles ont été exposées à ces défaillances.
Il s'agit d'une dérive très inquiétante, de nature totalitaire
L'eurodéputé français et bras droit de Marine Le Pen, Nicolas Bay, a également porté quelques coups de griffe à la façade stoïque du patron de Facebook et a principalement évoqué la question des pages supprimées par le réseau social sans raison apparente, notamment celle de Génération identitaire le 2 mai. Pour le vice-président du FN, «il s'agit là d'une dérive très inquiétante, de nature totalitaire» contrevenant à l'idée «d'un accès libre à la pluralité des opinions».
Enfin, à l'instar de Guy Verhofstadt, les parlementaires européens ont déploré la forme retenue par le président du Parlement Antonio Tajani pour procéder à l'audition : d'abord le réquisitoire des représentants du peuple de l'UE, et ensuite, les réponses de Mark Zuckerberg qui a «tourné autour du pot», selon le secrétaire d'État à la Protection de la vie privée, Philippe De Backer, qui a ajouté : «Nous n'avons reçu aucune réponse à la question de savoir ce qui se passe avec toutes ces données reçues par Facebook sans autorisation. On ne sait pas clairement si Cambridge Analytica est le seul cas du genre qui s'est produit. Et on ne sait pas clairement non plus ce que fait Facebook pour empêcher ça.»
Mark Zuckerberg a promis de répondre par écrit aux questions qu'il a laissées en suspens. Philippe Lamberts, chef des groupe des Verts-ALE ne semble pas convaincu : «J'y croirai quand je le verrai, mais j'avais déjà fourni mes questions précises aux services de Mark Zuckerberg, et ce dernier a choisi de les ignorer superbement. Nous sommes nombreux à avoir été traités de manière cavalière, ce qui ne nous rend pas monsieur Zuckerberg plus sympathique.»