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Carnet de bord d'un journaliste au Proche-Orient : journée sanglante à Gaza

Le journaliste de RT France Damien Charton était à Gaza pour vivre les manifestations où plus d'une cinquantaine de Palestiniens ont trouvé la mort à la frontière avec Israël. Il livre son récit des événemnts comme il les a vécus sur le terrain.

Lundi 14 mai, journée sanglante 

Journée sanglante à Malaka où nous nous sommes rendus et dans toute la bande de Gaza. Dès notre arrivée ce matin, nous avons constaté une très forte mobilisation. Rapidement, la foule est dispersée par des tirs de gaz lacrymogène lancés depuis un drone. La scène se répète ; dès qu'il se positionne au-dessus des têtes, un mouvement de panique s'en suit et les manifestants courent dans tous les sens.

Tout au long de l'après-midi, la tension monte. Plus aucune communication n'est possible : ni téléphone, ni WhatsApp. Impossible de joindre la rédaction ou même de faire un direct. Devant moi, j'observe un ballet incessant d'ambulances, de tirs et de la foule compacte composée essentiellement de jeunes manifestants palestiniens, environ 200, qui s'approchent toujours plus près de la barrière métallique qui marque la frontière.

Deux fortes explosions retentissent à quelques centaines de mètres. Les ambulances démarrent en trombe, la foule accourt.

Plus loin, j'entends un bruit sourd et perçois de la fumée. Un site stratégique du Hamas aurait été bombardé par des F-16 israéliens. A Malaka, les pneus brûlent, les tirs se font presque réguliers et la foule court dans tous les sens. L'évacuation est demandée par les factions palestiniennes organisatrices de la manifestation, qui redoutent à juste titre une escalade des violences.

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Mardi 15 mai, Gaza enterre ses morts

A l'hôpital Al-Shifa, l'un des plus importants de la bande de Gaza, des tentes ont été installées dans la cour pour accueillir les blessés, au nombre de plusieurs centaines pour la seule journée d'hier. L'hôpital est bondé. Le médecin urgentiste et le chef de mission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza nous confient qu'il serait impossible de faire face a un nouvel afflux de blessés d'une telle ampleur.

Nombreux sont ceux qui connaissent un blessé ici. Un collègue de Ramzy, mon cameraman à Gaza, a été sérieusement touché au ventre. Compte tenu de la gravité de ses blessures, il a été évacué vers Jérusalem. Quant à mon interprète Mohey, son fils de 15 ans a pris une balle au-dessus du genou. Nous passons le voir à l’hôpital ce matin.

A Malaka, aujourd'hui, les manifestations sont de moindre importance. Des jeunes palestiniens découpent du fil de fer barbelé pris devant les positions israéliennes, et ramené ici comme un trophée.

A 18h, la foule se masse autour du chef du bureau politique du Hamas, Ismael Haniya, venu soutenir les manifestants. Il reste une quinzaine de minutes à Malaka, acclamé par la foule, puis repart en convoi accompagné de sa garde rapprochée.

Gaza enterre ses morts, les funérailles débutent. Un deuil national de trois jours a été décrété dans la bande de Gaza.

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