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«Ce n'est pas de l'abus, c'est du viol !» : manifestation en Espagne contre le laxisme de la justice

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans toute l'Espagne le 26 avril pour protester contre la cour de Navarre qui a retenu la qualification d'abus sexuel et pas de viol, pour des actes commis par cinq hommes sur une fille de 18 ans.

Les Espagnols ne décolèrent pas. Ils s'insurgent contre une décision du tribunal de Navarre envers une bande qui se surnommait La manada (la meute). Celui-ci a qualifié le 25 avril d'abus sexuel, plutôt que de viol collectif, des actes de pénétration commis par cinq hommes sur une jeune fille de 18 ans. Les foule est spontanément descendue dans la rue le 26 avril aux cris de «Yo te creo hermana» («je te crois ma sœur»), pour protester contre cette qualification. Le ministère public a annoncé faire appel de cette décision judiciaire le 27 avril.

Une indignation unanime, la foule dans la rue

Le verdict était très attendu dans un pays qui a connu une «grève générale féministe» sans précédent et des manifestations massives le 8 mars pour les droits des femmes. Or les condamnations dévoilées le 25 avril sont très inférieures aux réquisitions du parquet de 22 ans de prison pour viol. La cour de Navarre n'a condamné les cinq hommes qu'à neuf ans de prison pour «abus sexuels continus» avec circonstances aggravantes. Selon les magistrats, la victime n'a pas agi sous l'effet de l'«intimidation» ou de la «violence». 

Une foule indignée s'est immédiatement réunie devant le palais de justice aux cris de «Ce n'est pas de l'abus, c'est du viol !». Des manifestations ont ensuite éclaté à Madrid, à Barcelone, à Séville mais aussi dans de petites villes. D'autres rassemblements avaient déjà eu lieu en novembre dans toute l'Espagne pour la même affaire, à la suite de la décision du juge de mener une enquête sur la vie de la jeune fille, pour remettre en cause sa moralité. 

Je te crois ma sœur

De nombreux politiques espagnols ont réagi à l'affaire. La maire de Barcelone, Ada Colau, a estimé que la décision, «sexiste et injuste», devait être revisée.

Pedro Sanchez, le secrétaire général du parti socialiste a tweeté : «Si ce qu'a fait la manada n'était pas de la violence collective contre une femme sans défense, alors qu'entendons-nous par viol ?»

L'affaire a fait la couverture de toute la presse ibère. Les Espagnols réclament le départ du juge à corps et à cris, une pétition dans ce sens sur change.org a collecté plus d'un million de signatures. Les internautes protestent fermement sur les réseaux sociaux.

Cet utilisateur de Twitter outré fait remarquer que la police conseille de ne pas résister à son agresseur sexuel, tandis que les juges ne retiendront la qualification de viol que si «l'on se défend avec les ongles et les dents».

Citoyens, personnalités et associations féministes à travers le monde se sont insurgés contre la qualification d'abus sexuel.

Un viol collectif par cinq ultras

Le 7 juillet 2016, aux fêtes San Fermin de Pampelune, au pays basque espagnol, cinq Sévillans de 27 à 29 ans cherchaient à faire des rencontres sexuelles. Parmi ces supporters ultra de football, un gendarme de la Guardia civil et un militaire. 

Ils avaient croisé la route d'une Madrilène alcoolisée de 18 ans. La jeune fille a embrassé l'un d'entre eux. Les quatre autres sont aussi devenus pressants et tous l'ont obligée à entrer dans un hall d'immeuble. Selon ses dires, elle ne pouvait échapper à leur emprise qu'en s'exécutant, ne s'étant pas débattue pendant l’agression survenue sept minutes après leur rencontre, en raison de son «état de choc». Ils l'ont alors forcée à faire des fellations puis à avoir des rapports vaginaux et anaux sans préservatif. Puis la «meute» l'a laissée à demi-nue, lui volant son portable. Mais ils avaient pris soin de diffuser une vidéo de leurs misérables ébats dans leur groupe Whatsapp en la titrant : «en train d'en b... une à cinq». La victime y apparaît passive, les yeux fermés, cernée et rivée au mur. Elle a ensuite été retrouvée sur un banc, en pleurs, par des passants. 

D'autres échanges de leur messagerie Whatsapp ont circulé dans la presse espagnole, mais le juge a empêché qu'ils ne figurent parmi les pièces du procès. Les conversations évoquaient notamment le souhait de «baiser une nana à cinq».

Chaque année, les fêtes de Pampelune attirent des dizaines de milliers de personnes habillées en blanc et rouge. On déplore à chaque édition des agressions sexuelles et parfois des viols. 

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