Le 27 avril, au terme de leur sommet historique au cours duquel ils ont multiplié les symboles, le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ont pris des engagements forts pour avancer dans la résolution du conflit qui déchire la péninsule depuis 1950.
Dans une déclaration commune, les deux chefs d'Etat ont ainsi solennellement déclaré «devant les 80 millions de Coréens et le monde entier», qu'il n'y aurait plus de guerre sur la péninsule coréenne et qu'«une nouvelle ère de paix [avait] commencé». Pour appuyer cette résolution, ils ont convenu de cesser toutes leurs activités hostiles sur terre, mer et air, et ont exprimé leur volonté de transformer la zone démilitarisée qui les sépare en une «zone de paix». Les deux voisins ont indiqué qu'ils chercheraient à rencontrer les Etats-Unis, peut-être aussi la Chine, «en vue de déclarer la fin de la guerre et établir un régime de paix permanent et solide» entre leur deux pays.
Dans cette déclaration les deux Etats ont également confirmé partager l'objectif d'obtenir «au moyen d'une dénucléarisation totale, une péninsule coréenne non nucléaire». Ils se sont d'ailleurs engagés à rechercher le soutien de la communauté internationale sur cette question, ce qui peut être vu comme un message de Pyongyang à l'adresse de Washington, avant la rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump, qui devrait se tenir début juin.
Autre mesure à la symbolique majeure : les deux pays se sont mis d'accord pour une reprise, en août, des réunions des familles séparées par la guerre, qui sont toujours des moments très émouvants.
Washington, Moscou, Pékin saluent une rencontre historique
Une fois n'est pas coutume, les réactions ont été unanimes à l'international pour saluer ce pas spectaculaire en direction de la paix, impensable il y a quelques mois encore. S'il a estimé que seul le temps permettrait de juger de l'évolution de la situation, le président américain Donald Trump n'a pas hésité a partagé son enthousiasme sur Twitter en écrivant en capitale : «La guerre en Corée va se terminer !»
Il a en outre pris le soin de remercier «son ami» le président chinois Xi Jinping pour «son aide précieuse», sans laquelle ce processus aurait été «beaucoup plus long et difficile». L'impact de l'auteur de L'art de la négociation (The art of the deal) dans ces rapides avancées a par ailleurs été souligné par le chef de la diplomatie sud-coréenne : «Clairement, tout le mérite en revient à [Donald] Trump.»
Par l'intermédiaire de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pékin a «applaudit l'étape historique franchie par les deux dirigeants», déclarant admirer le courage et la résolution politique qu'ils ont démontrée. Insistant sur la portée historique de la rencontre, la Chine a fait savoir qu'elle espérait qu'elle «portera des fruits positifs et sera l'opportunité d'ouvrir une nouvelle voie [vers] une paix et stabilité durables dans la péninsule coréenne».
La diplomate a conclu son intervention en citant un poème du grand écrivain chinois du XXe siècle Lu Xun : «Après toutes les vicissitudes traversées, nous restons des frères. Lorsqu'on se revoit, un sourire chasse la rancune.»
Moscou, qui au plus fort de la crise entre Washington et Pyongyang a toujours défendu une solution par le dialogue et la négociation, a pour sa part salué le sommet et les entretiens entre les deux dirigeants coréens comme étant des «nouvelles très positives».
«[Le président russe Vladimir Poutine] a souligné à plusieurs reprises qu'un règlement viable et stable de la situation dans la péninsule coréenne ne peut se baser que sur un dialogue direct», a ainsi rappelé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Et aujourd'hui nous voyons que ce dialogue direct a eu lieu et qu'il ouvre certaines perspectives», a-t-il commenté, précisant toutefois qu'il était encore prématuré de parler d'une éventuelle signature d'un traité de paix entre les deux pays.
Mais l'espoir est bien réel, contrairement aux deux réunions inter-coréennes précédentes, en 2000 et 2007, ce sommet devrait rapidement être suivi par une nouvelle rencontre. Nord et Sud ont en effet décidé que le président sud coréen Moon Jae-in se rendrait à l'automne prochain à Pyongyang.