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L'attaque de Douma, «une mise en scène» ? Un reporter allemand de la ZDF s'interroge

Deux semaines après l'attaque chimique présumée, les journalistes peinent à recueillir des témoignages corroborant les accusations occidentales contre Damas. D'après la ZDF, de nombreux témoins évoquent plutôt le rôle joué par les djihadistes.

Robert Fisk, grand reporter au quotidien britannique The Independent, n'est pas le seul à douter de la version selon laquelle l'armée syrienne aurait fait usage d'armes chimiques à Douma le 7 avril dernier 2018, raison suffisante pour lancer des frappes contre la Syrie une semaine plus tard. Le journaliste Uli Gack, travaillant pour la ZDF, chaîne de télévision publique allemande, a recueilli des témoignages sur le terrain et conclut dans un duplex le 20 avril : «Les gens nous ont dit de manière très convaincante que toute cette histoire était une mise en scène.»

Le journaliste allemand s'est rendu dans un camp comptant quelque 20 000 réfugiés venus de Douma, à 5 kilomètres du centre de Damas. D'après lui, la réponse faite à ses questions est unanime. «[Les réfugiés interrogés] nous ont expliqué qu'en réalité le lieu de l'attaque était un poste de commandement des islamistes», rapporte-t-il. «[Ces derniers] ont amené des bidons de chlore dans l'attente d'un bombardement de l'aviation syrienne», précise Uli Gack s'appuyant sur ces témoignages, et soulignant que ce poste de commandement était un objectif militaire évident, qui ne manquerait pas d'être visé.

A l'instar de son confrère britannique Robert Fisk, Uli Gack a fait l'objet d'un tir de barrage, pour sa part dans la presse allemande. Björn Stritzel, journaliste du magazine allemand Bild, a ainsi qualifié le témoignage d'Uli Gack d'«incroyable propagande pro-Assad à la télévision allemande». «Un journaliste de la ZDF à Damas dit que des gens lui ont dit que l'Etat islamique avait placé des bonbonnes de chlore à Douma», s'est-il alarmé sur Twitter.

A noter que le journaliste de Bild s'emmêle d'ailleurs quelque peu les pinceaux : Douma était sous contrôle du groupe armé rebelle djihadiste Jaïch al-Islam, et non pas de Daesh, qui ne tient plus en Syrie que quelques portions de territoire périphériques.

Une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), dont l'arrivée en Syrie a été retardée par les frappes de Washington, Paris et Londres, a effectué le 21 avril des prélèvements à Douma. Cet organisme lié à l'ONU et basé à La Haye devra déterminer si des armes chimiques ont bel et bien été utilisées dans la localité syrienne le 7 avril.

A.K.

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