Dans un discours prononcé devant les forces armées, le 18 avril, le président philippin Rodrigo Duterte a assumé «l'entière responsabilité» de l'arrestation de Patricia Fox, un sœur australienne, membre de la Congrégation de Notre-Dame de Sion, installée depuis de nombreuses années aux Philippines. Le chef de l'Etat philippin a précisé ne pas avoir demandé à ce que la religieuse de 71 ans soit placée en détention, mais a expliqué qu'une enquête concernant ses activités avait été ouverte à sa demande pour «troubles à l'ordre public».
«Vous m'insultez sous couvert d'être un prêtre catholique, mais vous êtes un étranger ! Qui êtes-vous?», a lancé le président philippin dans une référence manifeste à Patricia Fox, avant de dénoncer son attitude comme étant «une violation de souveraineté».
La sœur Patricia Fox, 71 ans, a été arrêtée le 16 avril par le bureau de l'immigration, soupçonnée d'avoir pris part à des activités politiques dans le pays. Elle a été relâchée le lendemain. Selon son avocat, cité par le Guardian, Patricia Fox a participé à une mission sur l'île de Mindanao début avril pour s'enquérir du sort de fermiers, et enquêter sur de possibles violations de leurs droits. «Je n'ai pas participé à des rassemblements politiques en termes de politique partisane, mais j'ai été active sur les questions de droits de l'homme», s'est-elle défendue au micro du média ABS-CBN, au terme de sa détention.
Le bureau de l'immigration doit désormais décider si Patricia Fox doit être expulsée, une issue qui a visiblement les faveurs du président philippin : «Ne la laissez pas entrer [sur le territoire], parce que cette sœur est impudente.»
Un dirigeant socialiste européen refoulé à la frontière
Cette affaire s'inscrit dans le prolongement de la guerre sans merci que mène Rodrigo Duterte aux cartels de la drogue, qui a déjà fait des milliers de morts. Les méthodes employées par son gouvernement dans cette lutte s'attirent fréquemment des critiques de l'opposition mais aussi à l'international.
Le président philippin a averti ses opposants politiques de ne pas chercher de soutiens à l'étranger sur cette question : «La gauche, n'invitez jamais d'étrangers, je ne les accepterai jamais dans le pays.» Le 15 avril, le bureau de l'immigration a d'ailleurs refusé l'entrée sur le territoire à Giacomo Filibeck, le vice-secrétaire général du Parti socialiste européen. Ce dernier, invité par un parti de gauche, avait par le passé critiqué les «homicides extrajudiciaires» du gouvernement philippin.