La justice grecque a autorisé les nouveaux demandeurs d'asile arrivés de Turquie par bateau à circuler, alors qu'ils étaient contraints jusqu'ici de demeurer sur leur île d'arrivée en attendant le résultat de leur demande, selon une source judiciaire citée par l'AFP le 18 avril.
A la suite d'un recours du Conseil grec des réfugiés dénonçant la rétention des demandeurs d'asile sur les îles proches de la Turquie (Lesbos, Chios, Kos, Samos et Leros), où sont entassées actuellement environ 15 000 personnes, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative, a statué que les demandeurs d'asile avaient droit «à la libre circulation» dans toute la Grèce. Le Conseil européen des réfugiés s'est félicité de la nouvelle dans un tweet.
«La décision du Conseil d'Etat est valable dès sa publication», a-t-on appris auprès du Conseil grec des réfugiés. «Tout nouveau demandeur d'asile peut désormais quitter les îles et venir sur le continent», selon cette ONG, qui dépend de la section grecque du Haut commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR). En revanche, la décision, non rétroactive, ne s'appliquerait donc qu'aux nouveaux arrivants.
Le ministère de la Politique migratoire a réagi dans la foulée en publiant un bref communiqué indiquant que le gouvernement allait examiner cette décision. Le Conseil des réfugiés n'a pas exclu que le «gouvernement pose des limites» dans l'application de la décision, dans le cadre d'un projet de loi qui est actuellement élaboré par le gouvernement. Il a pour ambition de compléter une ancienne loi sur l'octroi de l'asile.
Depuis le pacte signé en mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie, qui a limité le flux migratoire vers l'Europe par rapport à l'exode de 2015, migrants et réfugiés sont contraints de rester dans l'île sur laquelle ils sont arrivés en attendant l'examen de leur demande, une procédure très lente.
D'autant que le flux a repris ces derniers mois, alors que les îles se préparent pour la saison touristique. Les camps continuent d'être surchargés et les protestations contre les mauvaises conditions de rétention sont quasi-quotidiennes. Le camp de Moria à Lesbos est particulièrement affecté par la surpopulation, dénoncée par de nombreuses organisations de défense des migrants et des réfugiés : il abrite 6 456 personnes pour une capacité de 3 000 places. Certains d'entre eux ont manifesté le 17 mars pour protester contre leurs conditions de vie.