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Macron fait son grand oral au Parlement de l'UE, dans un contexte européen défavorable

Le président français s'est adressé pour la première fois aux députés européens réunis à Strasbourg, pour tenter de les mobiliser autour de son ambition de «refonder l'Europe». Mais, de Budapest à Berlin, celle-ci est loin de susciter l'enthousiasme.

C'était l'heure du grand oral européen pour Emmanuel Macron, qui s'est adressé le 17 avril pour la première fois aux députés européens à Strasbourg, afin de tenter de les mobiliser autour de son ambition de «refonder l'Europe». Mais, revers de fortune pour le locataire de l'Elysée, entre victoires retentissants de forces souverainistes en Italie ou en Hongrie mais aussi réticences nouvelles côté allemandes, les ambitions européennes du président français risquent d'avoir du mal à séduire.

Selon une déclaration de l'Elysée reprise par l'AFP, Emmanuel Macron devait «[exprimer] l'urgence qu'il y a à agir dans un contexte difficile au sein de l'Union européenne mais aussi à l'extérieur», pointant du doigt les «souverainetés autoritaires» face auxquelles il entend maintenir «un front uni».

Un fond d'aide pour les réfugiés et une «Europe sociale»

Le président français a aussi proposé lors de son intervention de «créer un programme européen» pour financer les collectivités locales accueillant des réfugiés, afin de dépasser «le débat empoisonné» sur les quotas de répartition au sein de l'Union européenne : «Je propose de créer un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés.»

Au cours de son discours pour une Europe «protectrice et efficace», Emmanuel Macron a également abordé la question de la culture, de l'écologie et de «l'Europe sociale».

Son discours s'est alors orienté vers les considérations budgétaires. Le président a affirmé : «La France est prête à augmenter sa contribution» et a invité l'Union européenne à s'aligner sur des «critères de convergence en matière de politiques sociale et fiscale.» Et d'ajouter : «Je souhaite que nous parvenions à dépasser les clivages», tout en soulignant, revenant à ses racines : «J'appartiens à une génération qui n'a pas connu la guerre, [...] mais je viens aussi d'une terre et d'une famille qui a connu toutes les saignées du passé.» Par opposition, il a ajouté : «Je ne veux pas faire partie d'une génération de somnambules.»

Le projet macronien de budget propre à la zone euro boudé outre-Rhin

L'insistance d'Emmanuel Macron sur le volet financier rappelle qu'au cœur du débat européen se situe aussi la volonté du président français de créer un ministère européen des Finances. Il rencontrera d'ailleurs Angela Merkel à Berlin le 19 avril pour évoquer l'avenir de la zone euro.

La chancelière allemande est chahutée par sa propre force politique conservatrice (CDU/CSU) sur ce sujet. Ses partisans ont pris leurs distances avec les projets de réforme portés par le président français et ont émis des critiques sur l'idée de créer un budget propre à la zone euro pour aider les investissements. Annegret Kramp-Karrenbauer, numéro deux du parti chrétien-démocrate (CDU) et réputée très proche d'Angela Merkel, a ainsi dit à la presse tout le mal qu'elle pensait de cette initiative. Selon une analyse du magazine Le Point, le camp de la chancelière «redoute comme la peste une mutualisation de la dette.» 

Angela Merkel elle-même s'était pourtant prononcée pour un ministère européen des Finances en août 2017 alors qu'elle était en campagne en vue des élections fédérales. Lors de sa conférence de presse annuelle, le 29 août, elle avait ainsi plaidé pour la création d’un ministre européen de l’Économie et des Finances.

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