Alors que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni évoquent des frappes militaires contre la Syrie, plusieurs pays occidentaux se sont démarqués, y compris des membres de l'OTAN. «Berlin ne participera pas à des actions militaires [contre la Syrie]», a ainsi annoncé ce 12 avril 2018 la chancelière allemande Angela Merkel, affirmant toutefois «soutenir tout ce qui est fait pour signifier que l'utilisation d'armes chimiques est inacceptable».
Sans accord du Parlement allemand, aucune opération de l'armée allemande à l'étranger ne peut avoir lieu. L'Allemagne a toutefois déployé des avions de reconnaissance et de ravitaillement au-dessus de la Syrie et de l'Irak, mais uniquement dans le cadre strict de la coalition dite «internationale» contre Daesh et les groupes djihadistes, le but de guerre initial avancé par les Occidentaux pour justifier leur intervention.
L'Allemagne avait en outre joué un rôle central dans la destruction de l'arsenal chimique déclaré par Damas et supervisé par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Le Canada est déjà «contre les Russes» pour l'OTAN, l'Italie montre des réticences
Même refus prudent et poli de la part du Canada le 11 avril. «Le Canada s’implique déjà dans le nord de l’Irak contre l’État islamique. On a une présence au Mali, on a une présence en Lettonie contre les Russes pour l’OTAN», a observé le Premier ministre Justin Trudeau, confirmant benoîtement au passage, si besoin était, la raison de la présence de l'Alliance atlantique dans les Pays baltes. «On n’est pas en train d'[envisager] d'être présent en Syrie », a-t-il encore déclaré, cité par Radio Canada.
Traditionnellement, depuis la dernière guerre mondiale, l'Allemagne répugne à s'investir militairement. Et le Canada ne s'affiche pas comme un belligérant majeur. Plus surprenante, et peut-être révélatrice d'une prise de distance vis-à-vis des grandes puissances, l'Italie a également fait savoir qu'elle ne participerait pas à d'éventuelles frappes contre la Syrie. «Une solution stable et durable pour la Syrie ne pourra advenir qu'en travaillant pour la paix et dans le cadre des Nations unies [...] et à la table des négociations, parce qu'il ne faut pas perdre espoir», a argumenté ce 12 avril le Premier ministre par intérim Paolo Gentiloni, alors que l'Italie s'englue dans la crise politique causée par les élections législatives du 4 mars 2018.