Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté ce 10 avril sur trois propositions de résolution concurrentes, l'une américaine et deux russes, alors que l'Occident accuse Damas d'avoir mené une attaque chimique à Douma, dans la Ghouta orientale, en passe d'être reprise par l'armée syrienne.
La proposition russe visant à établir un mécanisme d'enquête indépendant sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie a été rejetée, n'ayant pas recueilli la majorité de neuf voix nécessaires à son adoption. Ce texte a été approuvé par six pays, dont la Chine, alors que sept se sont prononcés contre et deux ont choisi l'abstention.
«Vous avez désigné les coupables avant l'enquête» : le projet américain rejeté par Moscou
Lors de la séance, la Russie a par ailleurs mis son véto à une proposition américaine de résolution, concurrente de la russe, consistant à mettre en place un mécanisme indépendant d'enquête sur l'usage d'armes chimiques. Vassily Nebenzia, l'ambassadeur russe aux Nations unies a accusé les Etats-Unis d'avoir conçu le texte de manière à ce qu'il soit refusé, afin ainsi de «justifier» une action unilatérale, non-autorisée par l'ONU, en Syrie. La veille, l'ambassadeur des Etats-Unis Nikki Haley avait en effet déclaré que Washington agirait en Syrie, et ce peu importe la décision du Conseil.
«Si vous avez pris la décision de mener une action militaire illégale, nous espérons que vous reviendrez à vous. Vous en serez vous-même responsables», a mis en garde Vassily Nebenzia.
La proposition américaine a reçu 12 votes pour, deux contre (la Russie et la Bolivie), ainsi qu'une abstention (la Chine). Le véto russe a empêché la résolution d'être adoptée.
«Vous avez déjà désigné les coupables avant même l'enquête», a souligné l'ambassadeur russe, estimant que Washington faisait «encore un pas vers la confrontation».
Moscou a par ailleurs soumis au vote du Conseil de sécurité une résolution apportant un plein soutien à une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), organisation internationale basée à La Haye, qui a annoncé qu'elle enverrait des enquêteurs en Syrie pour établir si des armes chimiques avaient ou non été utilisées. Damas, qui a détruit son arsenal chimique sous supervision internationale en 2014, avait envoyé une requête en ce sens à l'OIAC, et Moscou avait également réclamé une enquête de cette organisation liée à l'ONU. La séance du Conseil de sécurité a toutefois été suspendue le soir du 10 avril avant que le vote sur ce texte ne puisse avoir lieu.