Mercredi 11 avril
Le Kremlin a taclé ce 11 avril l'habitude de Donald Trump de s'exprimer sur Twitter. «Nous ne participons pas à la twitto-diplomatie. Nous sommes partisans d'approches sérieuses», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov, cité par les agences russes lui demandant de commenter les derniers messages du président américain.
«Nous estimons toujours qu'il est important de ne pas mener des actions qui pourraient nuire à une situation déjà fragile», a-t-il ajouté. Dimitri Peskov a également rappelé que l'attaque chimique présumée de Douma (dans la Ghouta, à l'est de la capitale syrienne), le 7 avril dernier, était instrumentalisée, selon Moscou, par les Etats-Unis. «Nous sommes convaincus que l'utilisation d'armes chimiques à Douma a été inventée, et ne peut être utilisée comme prétexte pour avoir recours à la force», a-t-il prévenu.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) tiendra une réunion d'urgence le 16 avril 2018 pour évoquer l'attaque chimique présumée de Douma du 7 avril dernier.
L'OIAC, basée à La Haye aux Pays bas, a d'ores et déjà annoncé le 10 avril l'envoi d'une équipe dans cette dernière poche tenue par les rebelles salafistes de Jaïch al-Islam pour enquêter. Il a été demandé aux autorités syriennes, par ailleurs demandeuses d'une telle enquête, «de faire les arrangements nécessaires pour ce déploiement». «Cela coincide avec la requête de la République arabe syrienne et de la Fédération de Russie d'enquêter sur les allégations de l'utilisation d'armes chimiques à Douma», a précisé l'OIAC, citée par Reuters.
D'après Reuters, le Pentagone a annoncé par la voix du secrétaire américain à la Défense Jim Mattis, ce 11 avril, avoir planché sur les différentes options militaires en Syrie et s'est dit prêt à les présenter au président américain Donald Trump. Il a cependant précisé que les Etats-Unis étaient «encore en train d'évaluer» les informations sur l'attaque chimique présumée du 7 avril, à Douma.
Le Premier ministre britannique Theresa May explique que «tout signale que le régime syrien est responsable de l'attaque chimique» qui se serait produite à Douma. Pour autant, la dirigeante hésite à se joindre à une éventuelle action militaire, disant avoir besoin de plus de preuves.
Citée par l'agence RIA, l'armée russe a signalé que les échantillons récupérés sur le lieu de l'attaque chimique présumée en Syrie ne contenait pas de «substances toxiques».
L'armée russe explique que les Etats-Unis «feraient mieux de reconstruire la ville en ruines de Raqqa plutôt que de parler de lancement de missiles».
L'armée russe, citée par l'agence TASS, a fait savoir que l'attaque chimique supposée à Douma en Syrie avait été «mis en scène» par les Casques blancs syriens.
La Syrie a dénoncé ce 11 avril comme une «escalade dangereuse» les menaces de frappes du président américain Donald Trump contre son territoire, selon l'agence officielle syrienne Sana.
«Nous ne sommes pas étonnés par cette escalade dangereuse en provenance d'un régime comme celui des Etats-Unis qui a parrainé et parraine encore le terrorisme en Syrie», a fait savoir une source du ministère des Affaires étrangères, citée par Sana.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré ce 11 avril espérer que «toutes les parties éviteront tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région», se référant aux éventuelles frappes américaines en Syrie, en réponse à l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma.
Mardi 10 avril
La séance a été suspendue.
Avant le vote du deuxième projet de résolution russe, pour un plein soutien à une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) en Syrie, Vassili Nebenzia demande aux autres membres de l'ONU : «Est-ce que quelqu'un ici peut m'expliquer en quoi ces soi-disant attaques à l'arme chimique à Douma auraient été utiles pour Damas ?»
«J'espère que le Conseil adoptera [cette deuxième résolution]», a-t-il ajouté. La Suède a demandé une suspension de séance pour mener des consultations.
Vassili Nebenzia s'est inquiété de la position suédoise : «Je suis perplexe. Le projet que nous avons présenté est le même que celui proposé hier par la Suède.»
Le représentant de la Chine à l'ONU regrette que la résolution russe n'ait pas été adoptée.
Nikki Haley, ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, estime que la Russie a «saccagé la crédibilité du Conseil de sécurité». «C'est une farce», selon elle. «La Russie veut protéger le régime Assad», a-t-elle ajouté. «L'histoire se souviendra que la Russie a choisi de protéger un monstre plutôt que les vies syriennes», a-t-elle accusé.
Le projet américain a été conçu pour échouer et ainsi «justifier» une action non autorisée en Syrie, a fait savoir l'envoyé spécial de la Russie, Vassili Nebenzia. «Si vous avez pris la décision de mener une entreprise militaire illégale, nous espérons que vous reviendrez à la raison», a-t-il déclaré en visant les Etats-Unis.
Le vote de la résolution russe pour créer un mécanisme d'enquête sur l'emploi d'armes chimiques en Syrie : six pays ont voté pour, sept ont voté contre, deux se sont abstenus. Cette résolution russe n'a pas été adoptée.
La Bolivie s'est opposée au projet de résolution américain. Son ambassadeur Sacha Llorenti appelle à ce que les responsables d'attaques chimiques rendent des comptes. A cet égard, il rappelle toute sa confiance en l'OIAC (l'Organisation internationale sur les armes chimiques) pour mener l'enquête.
Ciblant les Etats-Unis, il dénonce les «menaces d'utilisation de la force et la menace de mesures unilatérales qui vont à l'encontre de la charte des Nations unies». «C'est illégal et contraire aux principes de la charte», a-t-il poursuivi.
Karen Pierce, ambassadeur du Royaume-Uni, accuse la Russie de protéger la Syrie dans l'utilisation des armes chimiques. «Nous ne resterons pas les bras croisés», a-t-elle assuré. «C'est un coup porté à la paix et à l'humanité», a-t-elle critiqué en ciblant le veto russe.
Concernant la résolution américaine, la Russie et la Bolivie ont voté contre.
12 pays se sont prononcés en faveur. La Chine s'est abstenue.
La résolution n'a pas été adoptée en raison du veto de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité.
Vassili Nebenzia, ambassadeur russe à l'ONU, a parlé de «provocations» pour évoquer la position des Etats-Unis. Selon lui, Washington ferait «encore un pas vers la confrontation», en imposant une résolution qui n'a pas le soutien unanime des membres permanents du Conseil de sécurité.
Il dément que Washington a repris les principales revendications russes pour leur résolution. «Vous avez déjà désigné les coupables avant même l'enquête», a-t-il souligné. Vassili Nebenzia estime que les Etats-Unis cherchent un «prétexte» fourni par les «Casques blancs». «La Russie est visée par cette propagande», a-t-il ajouté.
«Vous protégez les extrémistes et les terroristes», lance Vassili Nebenzia à l'adresse des Américains.
Il a rappelé que la Russie était présente en Syrie conformément à la charte de l'ONU, sur invitation du gouvernement syrien pour lutter contre le terrorisme.
Nikki Haley, la représentante des Etats-Unis, estime que leur résolution promet une «enquête indépendante». Elle reproche à la Russie de souhaiter une résolution «qui leur donne la possibilité de choisir leurs enquêteurs et de réviser les conclusions de l'enquête ce qui remettrait en cause l'indépendance [de l'enquête]».
Logiquement, Nikki Haley a appelé à voter contre ou s'abstenir sur la résolution russe.
François Delattre, ambassadeur de la France auprès des Nations unies, accuse Damas d'avoir eu recours à des armes chimiques le 7 avril à Douma. «Nous ne pouvons pas l'accepter», a-t-il souligné. «La France n'acceptera aucun mécanisme au rabais», a-t-il poursuivi, se prononçant pour une lutte contre «la prolifération des armes de destruction massives». Il a appelé à voter en faveur du projet de résolution américain.
Le Conseil de sécurité de l'ONU vote ce 10 avril sur trois propositions de résolution concurrentes, l'une américaine et deux russes, alors que les Etats-Unis et la France, notamment, ont menacé de recourir à la force contre Damas, qu'ils accusent d'être responsable d'une présumée attaque chimique à Douma, en Syrie.
Le texte américain, qui condamne l'attaque supposée, propose la création d'un nouveau «mécanisme d'enquête indépendant des Nations unies» sur le recours aux armes chimiques en Syrie.
Moscou, qui dément tout recours à des armes chimiques, juge pour sa part «inacceptables» certains éléments de ce projet alors que la Syrie, soutenue par la Russie, est en passe de reconquérir cette poche de la Ghouta tenue par des rebelles islamistes.
Moscou fait confiance à l'OIAC
Aussi, la Russie a demandé au Conseil de sécurité de se prononcer sur deux textes qu'elle a préparés.
Le premier propose de créer un mécanisme d'enquête sur l'emploi d'armes chimiques en Syrie, tandis que le second est un document qui apporte un plein soutien à une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Basée à La Haye, l'OIAC, qui n'a pour mission que de confirmer ou d'infirmer l'usage d'armes chimiques sans aller jusqu'à en identifier les utilisateurs, a fait savoir qu'elle allait envoyer «sous peu» des enquêteurs à Douma. La Russie réclamait depuis plusieurs jours qu'une mission de l'OIAC aille enquêter sur place. La Syrie avait elle aussi invité les enquêteurs à se rendre sur le terrain.