La presse d'outre-Rhin se fait encore l'écho de la progression de l'islamisme radical dans la société allemande. Ce 4 avril 2018, c'est le quotidien allemand Der Tagesspiegel qui affirme que le nombre de salafistes (mouvance sunnite intégriste) en Allemagne a doublé depuis 2013 pour atteindre, en cinq ans, quelque 11 000 personnes. L'Office fédéral de protection de la constitution, la Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, le nom des services de renseignement allemands), qui semble suivre de près la question, affirme, chiffres à l'appui, que certains Länder allemands sont plus concernés par le phénomène que d'autres.
De façon surprenante, ce sont les petits Länder qui abritent parfois le nombre le plus important de salafistes. A Hambourg, rapporte le Tagesspiegel, le nombre d'intégristes musulmans serait ainsi en 2018 de 798. Selon les chiffres de la BfV, plus de la moitié de ces salafistes, soit 434, seraient classés comme des djihadistes, à comparer avec respectivement 730 et 365 en juillet 2017. Si les statistiques ne sont pas encore disponibles pour la capitale allemande, selon la BfV de Berlin, on y comptait en mars 2017 très officiellement 850 salafistes. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest de l'Allemagne), le Land le plus touché par le salafisme d'après la BfV, on recenserait 3 000 salafistes.
En décembre 2017, la BfV s'alarmait de la progression de l'islam radical parmi les femmes dans ce même Land. «En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, nous avons un réseau de soi-disant sœurs fort de 40 femmes», déplorait Burkhard Freier, chef de la BfV pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, cité par le quotidien Frankfurter Allgemeine.
Après l'afflux de migrants, notamment en 2015 avec officiellement 890 000 entrées, et la vague d'attaques terroristes de 2016, la question de la place de l'islam dans la société allemande suscite vifs débats et inquiétudes. La crise migratoire explique d'ailleurs, au moins en partie, le score historiquement faible d'Angela Merkel aux élections législatives de septembre dernier.