«Je suis désolé pour le malentendu». La France a enfin, plusieurs jours après l’incident diplomatique avec l'Italie, reconnu ses torts quant à l’affaire d’ingérence des douaniers français sur le sol italien dans le cadre d’un contrôle de migrants. Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, en charge des douanes, s’est exprimé dans le quotidien italien Corriere della Sera daté du mercredi 4 avril. Outre ce regret, il a prévenu qu’il se rendrait en Italie le 16 avril «pour améliorer les choses à l’avenir».
Dans deux tweets, l'un rédigé en français, l'autre en italien, datés du 3 avril, le ministre a déclaré : «L’Italie est une nation sœur. Il n’a jamais été question d’attenter à sa souveraineté.» Le parquet de Turin avait déclaré le 1er avril avoir ouvert une enquête pour «abus de pouvoir», «violence privée» et «violation de domicile».
Ces excuses tardives font suite à un premier déni de la part des autorité françaises, qui avaient d'abord jugé que l'intrusion de douaniers français armés dans la salle d’une ONG italienne d’aide aux migrants, côté italien, était parfaitement légale.
Le 29 mars, dans la soirée, des agents avaient en effet pénétré sans autorisation dans une petite salle gérée par la ville de Bardonecchia, à la frontière franco-italienne, où, depuis le début de l'hiver, s'activent des volontaires de l'ONG turinoise Rainbow4Africa pour venir en aide aux migrants expulsés par la France. Les agents ont exigé des membres de l’ONG qu’ils les laissent procéder aux analyses d’urine d’un clandestin.
Cette ingérence française en Italie avait déclenché un tollé, tant sur les réseaux sociaux que dans le monde politique transalpin. Le maire de Bardonecchia, Francesco Avato, avait exprimé sa colère dès le lendemain : «Ils [les agents français] n'avaient pas le droit d'entrer, ils n'avaient aucun droit. Ce sera la première et la dernière fois. Je suis très énervé et amer concernant ce qu'il s'est passé.»
S’en était suivi une salve de déclarations d’autres personnalités politiques italiennes, tous bords confondus. Giuseppe Civati, du parti Possibile, classé à gauche de l'échiquier politique avait jugé que l'ingérence était «une intimidation intolérable envers une organisation qui propose une assistance aux migrants». Augusta Montaruli, députée de Fratelli d'Italia, avait ajouté : «Nous ne sommes pas les toilettes de Macron.» Le ministère italien des Affaires étrangères a évoqué quant à lui un «acte grave, considéré totalement en dehors du cadre de la collaboration entre Etats frontaliers».