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«Nous ne sommes pas les toilettes de Macron» : un cas d'ingérence française révolte l'Italie

Des agents des douanes françaises seraient entrés illégalement dans un centre pour migrants en Italie. La classe politique fustige une ingérence dans un «pays souverain». L'ambassadeur français a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères.

En Italie, l'histoire fait scandale, au point que l'ambassadeur de France à Rome, Christian Masset, a été convoqué le 31 mars par le ministère des Affaires étrangères italien. Le 29 mars, dans la soirée, des agents de la douane française seraient entrés sans autorisation dans une petite salle gérée par la ville de Bardonecchia, à la frontière franco-italienne, où, depuis le début de l'hiver, s'activent des volontaires de l'ONG turinoise Rainbow4Africa pour venir en aide aux migrants expulsés par la France. 

Avec eux, un migrant arrêté dans un train, à peine arrivé à la gare. D'après les informations de l'édition turinoise de La Repubblica, des agents des douanes françaises auraient intimé aux bénévoles du centre l'ordre de faire utiliser les toilettes à leur passager clandestin, afin qu'ils puissent procéder à des analyses d'urine. Aux questions des bénévoles interloqués, ils n'auraient donné aucune réponse. 

«Nous sommes un pays souverain, pas une province de la France»

Depuis, la classe politique italienne s'insurge, du Parti démocrate aux Fratelli d'Italia. Le maire de Bardonecchia, Francesco Avato, en première ligne, a exprimé sa colère dès le lendemain : «Ils [les agents français] n'avaient pas le droit d'entrer, ils n'avaient aucun droit. Ce sera la première et la dernière fois. Je suis très énervé et amer concernant ce qu'il s'est passé.»

Matteo Salvini, réagissant à la convocation par Rome de l'ambassadeur français et faisant allusion aux sanctions prises par de nombreux Etats européens à l'encontre de la Russie, a déclaré : «Il faut expulser les diplomates français, pas les diplomates russes !»

Il faut expulser les diplomates français, pas les diplomates russes

Daniele Viotti, député européen du Parti démocrate, parti de centre-gauche, s'est joint au maire pour exprimer son indignation : «Le comportement des agents français à Bardonecchia a été très grave. Que l'Italie appelle Macron et lui rappelle qu'aucun agent étranger ne peut venir faire valoir sa propre autorité. Nous sommes un pays souverain, pas une province de la France. Qu'ils prennent les échantillons d'urine dans les toilettes françaises ou qu'ils en signalent la nécessité à nos forces de l'ordre.»

Giuseppe Civati, du parti Possibile, classé à gauche de l'échiquier politique italien, appelle quant à lui le gouvernement italien à réagir : «Le gouvernement a le devoir de protester contre la descente des agents français dans le siège à Bardonecchia de Rainbow4Africa. Il s'agit d'une action très grave à l'égard d'un pays voisin. Mais c'est surtout une intimidation intolérable envers une organisation qui propose une assistance aux migrants.»

A droite aussi, la colère monte. Augusta Montaruli, députée de Fratelli d'Italia, ajoute : «Nous ne sommes pas les toilettes de Macron. [...] Il s'agit d'un manque de respect inouï envers l'Italie et cela constitue un précédent inadmissible. Nous sommes opposés à cette gestion du problème des réfugiés de la part d'une Europe fainéante.»

Sur Twitter, les réactions sont nombreuses. Certains prennent à parti le président français Emmanuel Macron, qui n'a pas encore réagi à cette affaire. 

D'autres expriment simplement leur indignation. 

«La France a annexé #Bardonecchia», martèlent plusieurs internautes, utilisant un mot-dièse devenu populaire sur la toile italienne.

Cet autre utilisateur de Twitter va jusqu'à s'interroger : «L'intervention d'un corps de police extérieur sur le territoire italien n'est-elle pas un acte hostile ?»