Le gouvernement indien a retiré le 3 avril une directive publiée la veille destinée à lutter contre les «fake news» mais pouvant servir, selon ses détracteurs, à museler la presse. Le texte prévoyait de supprimer son accréditation officielle à tout journaliste estimé responsable de propager des «fake news» de façon répétée.
Cependant cette directive a aussi été perçue par les médias indiens comme un outil susceptible de permettre à l'exécutif d'écarter des journalistes publiant des informations qui lui déplaisent.
«Au nom des "fake news", le gouvernement définit des règles pour mettre des journalistes sur liste noire», titrait ainsi le 3 avril le quotidien The Indian Express, rappelant que cette directive survient à l'approche d'importantes échéances électorales.
Une intervention du gouvernement jugée dangereuse
Face au tollé provoqué par ce projet, le gouvernement du nationaliste hindou Narendra Modi a donc finalement choisi de faire marche arrière. «Le Premier ministre a ordonné que le communiqué de presse relatif aux fake news soit retiré et que la question soit seulement traitée par le Conseil de la presse d'Inde», une commission spécialisée, a fait savoir un responsable du ministère de l'Information et de la diffusion.
Quelque 2 000 journalistes de médias indiens sont titulaires d'une carte du Press Information Bureau qui facilite l'accès aux responsables gouvernementaux et aux ministères. Tout en reconnaissant que l'Inde a un véritable problème de «fake news», qui pullulent sur les réseaux sociaux et applications de messageries, nombre de journalistes et observateurs estiment qu'une intervention du gouvernement ouvrirait une porte dangereuse.
L'Inde figurait en 2017 au 136e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, la France étant au 36e.