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Brésil : la police est-elle mêlée à l’assassinat de la militante antiraciste Marielle Franco ?

Marielle Franco, élue de gauche antiraciste et anti-violences policières, a été assassinée le 9 mars en plein centre de Rio. Tandis que des Brésiliens manifestent leur colère, TV Globo a révélé que les munitions venaient d’un stock de la police.

Plus de 2 000 personnes ont défilé le 18 mars dans la favela Maré de Rio, dont était originaire Marielle Franco, figure montante de la gauche brésilienne, pour protester contre son assassinat survenu le 9 mars. Cette femme de 38 ans, qui dénonçait les violences paramilitaires et policières et le racisme, a été tuée de cinq balles dont quatre dans la tête, dans le centre-ville de Rio. La colère monte alors que vient d'être faite l’annonce par la télé brésilienne TV Globo que les munitions utilisées par les tueurs provenaient d'un stock appartenant à la police. 

La plus grande chaîne brésilienne a annoncé que les balles de calibre 9 mm ayant frappé Marielle Franco et son chauffeur (décédé également) étaient issues d'un lot vendu à la police fédérale en 2006. Plus troublant : des balles de ce stock avaient déjà servi lors des meurtres de 17 personnes près de Sao Paulo, en août 2015. A cette époque, trois policiers militaires avaient été déclarés coupables. Aujourd’hui, Raul Jungmann, le ministre brésilien de la Sécurité, confirme bien l’origine des balles mais prétend qu’elles auraient été volées il y a quelques années à la police dans le nord du Brésil, à 2 000 kilomètres de Rio. La police fédérale a déclaré dans un communiqué qu'une enquête avait été ouverte «pour évaluer l'origine des munitions [...] retrouvées sur le lieu du crime». 

 Marielle Franco enquêtait sur des assassinats apparemment commis par des policiers

Selon des informations de Libération, Zeca Borges, coordinateur du Disque-Denúncia de Rio, la plateforme qui permet aux citoyens de dénoncer anonymement des faits de violence dans cette ville, a déclaré : «Marielle Franco enquêtait sur des assassinats apparemment commis par des policiers désireux d’éliminer des gens qui en savaient trop sur leurs agissements». La militante a de tout temps mené un combat contre les violences paramilitaires et policières. La semaine précédant son assassinat, l’élue était devenue le rapporteur du Comité spécial de l'Assemblée municipale créé pour étudier l'intervention fédérale dans la sécurité publique de l'Etat de Rio. Michel Temer, le président brésilien, avait en effet annoncé le 16 février que les forces de police seraient désormais placées sous l'autorité de l'armée, à la suite de flambées de violence dans le pays, de la part des gangs et des milices.

Depuis la mort de la militante le 9 mars, la colère gronde au Brésil. Le 15 mars, 50 000 personnes à Rio et 30 000 à Sao Paulo ont afflué dans les rues pour protester contre le meurtre de l’élue. Conseillère municipale, élue du Parti socialisme et liberté (Psol) depuis 2016, Marielle Franco, était issue d'une favela très violente du nord de Rio, dans laquelle les affrontements entre les bandes des bidonvilles et la police font toujours rage. Âgée de 38 ans, la jeune militante en faveur des droits de l'Homme et pour les droits LGBT, incarnait pour ses partisans le visage du renouveau politique au Brésil. Alors qu’elle sortait d’une réunion sur la question des femmes noires à Rio, elle a été prise en chasse par un véhicule. Les premiers éléments de l’enquête sur sa mort ont conclu à un assassinait prémédité sur la personne de Marielle Franco puisque les tueurs savaient où elle était placée malgré les vitres teintées.

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