Le 16 mars, soit deux jours avant le coup d'envoi de l'élection présidentielle russe de 2018, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov a annoncé que la police et la Garde nationale empêcherait les citoyens russes vivant dans le pays de déposer leurs bulletins dans les missions diplomatiques. Il a précisé que le 18 mars, seuls les détenteurs de passeports diplomatiques seraient autorisés à rentrer dans les bâtiments officiels russes.
Ce jour, des barrières métalliques ont en effet été installées afin de bloquer l'accès à l'ambassade de Russie à Kiev.
Dans d'autres villes du pays, l'accès a été bloqué aux bâtiments des missions diplomatiques russes par la Garde nationale.
«Aucune autre personne et [aucun] citoyen russe ne seront autorisés sur le territoire des missions diplomatiques [russes]», avait averti le ministre sur sa page Facebook. Arsen Avakov a précisé que sa décision était contraire à celle qui avait été préconisée par le ministère ukrainien des Affaires étrangères, et avait été prise en représailles au rattachement de la Crimée à la Russie en 2014.
La péninsule avait alors été réintégrée après un référendum par lequel une très large majorité de ses citoyens s'étaient prononcés en faveur du rattachement de leur territoire à la Russie, après le coup d'Etat contre le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. La date du premier tour de l'élection présidentielle russe marque le quatrième anniversaire du rattachement de la Crimée, que Kiev considère comme un «territoire temporairement occupé».
Des membres des groupes d'extrême-droite ukrainiens Pravy Sektor («Secteur droit», en français) et Svoboda, qui ont pris part au coup d'Etat, se sont d'ailleurs rassemblés le 18 mars devant l'ambassade russe.
Ils ont notamment organisé une action en installant de faux bureaux de vote dans des toilettes.
Moscou dénonce une ingérence dans ses affaires
Le ministère russe des Affaires étrangères a condamné la décision d'empêcher ces citoyens de voter, affirmant qu'elle enfreignait «non seulement la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, mais aussi les normes internationales des droits de l'homme». Moscou a en outre qualifié l'attitude de Kiev d'«ingérence directe» dans les affaires internes de la Russie.
Le ministère a en outre rappelé que même au plus bas des relations entre l'Ukraine et la Russie, cette dernière n'avait jamais empêché les Ukrainiens y vivant de participer aux élections organisées par leur pays.
Quelque 72 000 citoyens russes vivant en Ukraine sont éligibles pour voter dans le cadre du premier tour de l'élection présidentielle russe, qui a lieu ce 18 mars, selon les données de la Commission électorale. Plusieurs missions diplomatiques, situées à Kiev, Kharkov, Odessa et Lvov, devaient théoriquement permettre aux Russes de participer au scrutin.
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