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En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Noël Mamère quitte Le Média

Noël Mamère a annoncé le 26 février qu’il quittait Le Média en signe de protestation face au traitement réservé au conflit syrien dans le JT du 23 février et en soutien au récent départ de la présentatrice Aude Rossigneux.

Un mois après son lancement par des proches de La France insoumise, Le Media, dont l’objectif affiché est de présenter l’actualité sous une forme alternative, connaît ses premières dissensions. Après le départ de la présentatrice Aude Rossigneux, qui a dénoncé un «traitement violent et brutal» en référence à la décision de son employeur de mettre fin à sa période d’essai, Noël Mamère a également décidé de quitter la webtélé.

«Je considère que la tournure qu'est en train de prendre cette confrontation […] ne me plaît pas. Je suis venu librement au Média pour procéder à ces interviews mais je n'y suis pas venu pour me retrouver dans cette atmosphère que je déplore, et qui me contrarie beaucoup», a déclaré l’ancien député écologiste de la Gironde sur France Culture quelques heures après avoir annoncé son départ le 26 février.  

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Le traitement du conflit syrien, l’autre pomme de discorde

Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d'une autre nature : «Je n'accepte pas qu'on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants.» Une attaque à peine voilée contre l'analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février. 

Dans sa chronique, le journaliste libanais présentait les différentes perspectives existant sur le conflit syrien, mettant face à face la version défendue par les partisans du président syrien et celle soutenue par ses opposants.

Abordant la situation dans la Ghouta orientale, il a ainsi rappelé la présence de combattants islamistes issus du Front al-Nosra, groupe rebelle lié à al-Qaïda, ou encore de l’Armée de l’islam. Par ailleurs, il a dénoncé un double discours chez les gouvernements et les médias occidentaux qui utilisent encore à profusion le terme «rebelles» pour désigner les combattants issus du Front al-Nosra, pourtant officiellement considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays.

Il a en parallèle dénoncé les victimes civiles résultant des bombardements «quels que soient ceux qui bombardent» et a estimé que «le gouvernement de Bachar el-Assad et ses alliés sembl[ai]ent bien décidés à reprendre chaque parcelle du territoire syrien quel que soit le coût en vies humaines».

Enfin, il a souligné que les informations et images rapportées par l'Observatoire syrien des droits de l'homme, incarné par une seule personne vivant en Grande-Bretagne, largement relayées par les agences de presses occidentales, ne pouvaient être vérifiées car elles n'émanaient que des combattants qui tiennent la Ghouta et ne montraient jamais «les djihadistes d'al-Nosra». Refusant de la même manière d'utiliser les documents fournis par les agences de presse du gouvernement syrien, comme Sana, il a décidé de ne pas diffuser d'images du conflit pour éviter de faire «du sensationnalisme», mais au contraire faire «de l'information». «Cette guerre est sanglante. Nous ne souhaitons pas y participer», a-t-il conclu. 

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La Ghouta orientale, l'un des derniers bastions islamistes en Syrie

Située dans la banlieue Est de Damas, la Ghouta est le dernier bastion islamiste dans cette région. Un territoire encore contrôlé par différents groupes islamistes notamment Jaïch al-Islam, le Front al-Nosra, Ahrar al-Sham ou encore Faylaq al-Rahmane, qui ne cessent de mener des bombardements contre les civils à Damas. Le 18 février, les forces gouvernementales syriennes ont lancé une vaste opération militaire afin de mettre fin à ces frappes et de reconquérir la zone.

Les pays occidentaux accusent les autorités syriennes de vouloir massacrer les civils, mais Damas répond que les djihadistes retiennent en otage la population. Le 23 février, les groupes rebelles de la Ghouta avaient en effet fait part de leur refus de toute évacuation des civils de la zone.

La Russie a ensuite annoncé la mise en oeuvre d'une trêve quotidienne à partir du 27 février, qui devait permettre d'instaurer des corridors humanitaires. Mais l'ONU a confirmé la reprise des combats.

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