A la suite des manifestations de fin décembre en Iran contre les difficultés économiques et le gouvernement, lors desquelles 25 personnes ont été tuées selon les autorités, l'institut IranPoll basé au Canada et l’Université de Maryland se sont attelés à définir les préoccupations des Iraniens, en réalisant un sondage en janvier 2018. A la question : «A quel principal problème ou défi est confronté l’Iran actuellement ?», les Iraniens interrogés ont répondu à 40% le chômage... et à 0,3% le «manque de libertés civiles».
Ces résultats semblent contredire l'analyse avancée par l'administration américaine, celle-ci suggérant que les manifestants iraniens souhaitaient un changement de régime politique. Ainsi, fin décembre, Donald Trump, dénonçant le «régime brutal» iranien, avait estimé sur Twitter que «le bon peuple d'Iran [voulait] un changement et qu'à part le pouvoir militaire étendu des Etats-Unis, le peuple iranien [était] ce que ses dirigeants [craignaient] le plus».
Dans un autre tweet, le président américain avait déclaré : «De nombreuses informations [font état] de manifestations pacifiques de citoyens iraniens qui en ont assez de la corruption du régime et de sa dilapidation des richesses nationales pour financer le terrorisme à l'étranger. Le gouvernement iranien devrait respecter les droits de son peuple, y compris le droit de s'exprimer. Le monde regarde !».
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Une situation économique en Iran jugée «plutôt mauvaise»
1 002 Iraniens ont été sollicités pour le sondage mené par téléphone par IranPoll et l’Université de Maryland. Il apparaît que les Iraniens semblent inquiets de la situation économique de leur pays, jugée «mauvaise» par 28,2% des sondés, et «plutôt mauvaise» par 40,7%. 41,4% des Iraniens interrogés estiment également que leur situation économique s’est détériorée tandis que 41,3% jugent qu’elle est restée similaire. Les personnes ayant répondu au sondage se préoccupent du prix de l’essence et de la nourriture et pensent que le gouvernement ne fait pas assez pour aider les pauvres et les agriculteurs. Ils attribuent la situation économique en berne à 32,1% aux sanctions et pressions internationales et à 63,3% à la corruption et la mauvaise conduite des affaires dans le pays.
Le président iranien Hassan Rohani, réélu pour un second mandat en mai 2017, a ramené l’inflation de presque 40% en 2013 à 8,57% en 2016. Mais le taux de chômage reste élevé et représente 11,40% en 2017, particulièrement chez les jeunes, puisque 16,70% des 15-24 ans sont sans emploi, selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT).
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