Une descente aux enfers pour Martin Schulz ? Celui-ci doit renoncer à sa nouvelle envie d'entrer au gouvernement. Pis, il est même poussé vers la sortie par son parti. En effet, le 7 février il a annoncé lâcher prochainement la présidence du parti, probablement certain de réussir son coup : celui d'entrer au gouvernement.
Sauf que tout a basculé depuis le 8 février. Le chef de file des sociaux-démocrates allemands (SPD) se félicitait d'un accord pour une nouvelle coalition avec la droite CDU/CSU, actuellement menée par la chancelière Angela Merkel. En publiant son humeur sur Facebook, Martin Schulz se voyait même déjà ministre des Affaires étrangères.
Des propos qui n'ont pas du tout plu à son parti, le SPD. Sigmar Gabriel, actuel ministre des Affaires étrangères, furieux de se voir écarté pour laisser la place à Martin Schulz, a déploré dans la presse que «la parole donnée compte si peu».
En effet, le patron du SPD, qui avait vu son parti tomber à un score historiquement bas lors des dernières élections législatives avec seulement 20,5% des suffrages, est l'auteur de plusieurs volte-face. Après la défaite, il avait notamment assuré que le SPD entrerait dans une phase d'opposition après avoir gouverné dans la coalition d'Angela Merkel depuis 2013. Toutefois, en janvier, il annonçait devant les adhérents du SPD, négocier un accord avec la droite allemande pour la formation d'une coalition.
Dans le même temps, depuis fin décembre, il assurait ne pas souhaiter entrer dans le futur gouvernement... jusqu'au 8 février.
Mais pour lui, «la pression était trop forte», d'après le Süddeutsche Zeitung. Le quotidien de Munich affirme en effet que les dirigeants du SPD ont poussé Martin Schulz à renoncer. Le 9 février Martin Schulz confirme sur les réseaux sociaux : «Je renonce à l'entrée dans le gouvernement fédéral et j'espère que cela mettra fin aux remoux au sein du SPD. Nous faisons tous de la politique pour le peuple de ce pays. Cela inclut le fait que mes ambitions personnelles passent après les intérêts du parti.»
Avec les revirements de Martin Schulz, les leaders du SPD craignaient en effet que la frange du parti s'opposant à l'accord de coalition négocié cette semaine par Martin Schulz et la chancelière allemande, ne prennent le pas au sein du parti. «Les débats autour de ma personne menacent le succès du vote. Je déclare donc par la présente renoncer à mon entrée au gouvernement», avait-il fait valoir dans un communiqué. Les militants du parti social-démocrate sont en effet appelés en interne à voter sur le texte du 20 février au 2 mars.
Martin Schulz voit désormais son avenir politique s'obscurcir. Son échec lors des dernières élections face à Angela Merkel n'a pas aidé cet européen convaincu à s'imposer au sein même de son parti. Un échec politique (temporaire ?) qui ne fait pas les affaires du président français Emmanuel Macron. Les deux hommes étaient en effet des alliés potentiels au sein de l'Union européenne, partageant le vœu d'une Europe fédérale et celui de créer un ministère européen des Finances.