«Nous voulons que nos frères et sœurs syriens retournent sur leurs terres, et désormais nous voulons faire à Idlib ce que nous avons fait à Afrin», a déclaré le 8 février Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours devant des responsables locaux turcs au palais présidentiel à Ankara, en référence à l'opération «Rameau d’olivier» lancée le 20 janvier dans le nord de la Syrie contre des milices kurdes considérées comme terroristes par Ankara.
Fin janvier, le président turc avait déjà évoqué l’éventualité d’une extension de l’offensive du district d'Afrin dans le gouvernorat d'Alep, à Idlib (au sud-ouest de ce dernier). Saluant l'«héroïsme» des soldats turcs impliqués, le chef d'Etat avait estimé que ceux-ci étaient en train d’«écrire l’histoire» à Afrin et qu’ils feraient de même «le long des frontières».
Il est à noter que le gouvernorat d'Idlib fait déjà l'objet d'une opération antiterroriste menée par les forces gouvernementales syriennes et leur allié russe. Ces dernières ont déclenché fin décembre une offensive pour faire revenir la région sous le giron de Damas. Une opération cruciale pour la sécurisation du pays, au regard de la présence des combattants de l’organisation terroriste du Front al-Nosra. Pas plus tard que le 3 février, certains d'entre eux ont abattu un Soukhoï Su-25 piloté par le commandant russe Romain Filipov.
Se pose donc la question de l'impact du projet d'offensive turque sur Idlib (aux contours encore flous) sur l'opération antiterroriste syro-russe, sachant, en outre, que le déclenchement de l'opération «Rameau d’olivier» avait déjà suscité la réprobation de Damas et l'inquiétude de Moscou.
Un sommet tripartie Russie-Turquie-Iran pour poursuivre la sécurisation du Nord syrien
Dans un souci de lutter plus efficacement contre le terrorisme en Syrie, le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc ont en tout cas convenu de renforcer la coordination entre les services militaires et de sécurité des deux pays, lors d’une conversation téléphonique citée par un communiqué du Kremlin, le 8 février. Par ailleurs, les deux dirigeants se sont accordés pour tenir à Istanbul un sommet tripartite avec l'Iran sur la Syrie.
La nécessité d'accélérer la mise en place de postes d'observation dans la zone de désescalade du gouvernorat d'Idlib sera, entre autres, au menu de ces discussions.
Début octobre, déjà, des forces militaires turques ont été déployées dans le gouvernorat d’Idlib pour surveiller l'une des quatre zones de désescalade qui s'y trouvaient. L'établissement de ces zones avait été finalisée en septembre lors d'une série de pourparlers de paix syriens à Astana, réunissant Moscou, Téhéran et Ankara.