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La Pologne contrarie les Etats-Unis et Israël en promulguant une loi sur la Shoah

Le président polonais a signé le 6 février une loi condamnant notamment l'utilisation de l'expression «camps de la mort polonais», à propos de ceux installés par les nazis allemands. Cette loi a provoqué des tensions avec Tel Aviv et Washington.

Les Etats-Unis ont exprimé le 6 février leur «déception» après la signature, par le président polonais Andrzej Duda, d'une loi sur la Shoah, qui nuit selon Washington «à la liberté d'expression et au débat académique». 

La loi prévoit trois ans de prison pour les personnes, y compris les étrangers, qui accusent la nation ou l'Etat polonais de participation aux crimes de l'Allemagne nazie. En particulier, l'utilisation de l'expression «camps de la mort polonais», utilisée parfois par les médias ou hommes politiques étrangers pour désigner les installations des nazis allemands en Pologne occupée, sera interdite.

«Nous comprenons que cette loi va être soumise au tribunal constitutionnel polonais [mais] nous pensons que le débat d'idées ouvert, les études et l'éducation sont les meilleurs moyens de contrer les discours fallacieux», a estimé le département d'Etat américain dans un communiqué, tout en réaffirmant que la Pologne constituait un «allié fort» des Etats-Unis. Washington avait déjà exprimé ses «inquiétudes» en des termes énergiques à la veille du vote du Sénat polonais le 1er février. La loi risque d'avoir des «répercussions» sur «les intérêts et relations stratégiques de la Pologne, y compris avec les Etats-Unis et Israël», avait mis en garde le département d'Etat.

Les dirigeants israéliens accusent Varsovie de nier la responsabilité de Polonais dans le génocide des Juifs

Les dirigeants israéliens et des organisations juives internationales voient dans l’adoption de cette loi, une tentative de nier la participation de certains Polonais au génocide des Juifs, voire d'empêcher les survivants de la Shoah de raconter leur expérience – ce que Varsovie dément.

Après, fin janvier, des propos très vifs du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui avait affirmé qu'Israël ne tolérerait pas «que« l'on déforme la vérité et réécrive l'Histoire» ou que l'on «nie l'Holocauste», la réaction du ministère israélien des Affaires étrangères à la décision d’Andrzej Duda, a paru plus modérée. «Nous espérons que dans le délai imparti avant que le Tribunal n'achève ses délibérations, nous parviendrons à nous mettre d'accord sur les changements et les corrections», a-t-il déclaré dans un communiqué.

De son côté, le mémorial de la Shoah à Jérusalem Yad Vashem a rappelé avoir «mis en garde les autorités polonaises à plusieurs reprises contre les erreurs dans la formulation de la loi», erreurs qui «pourraient fausser la vérité historique».

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