Des dizaines de manifestants se sont heurtés à la police italienne près du Vatican le 5 février, en marge de la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Malgré l'interdiction des manifestations pendant 24 heures, environ 200 manifestants pro-kurdes ont défilé, dénonçant notamment «un crime contre l'humanité» en cours à Afrin, en Syrie. Le rassemblement a dégénéré lorsque certains protestataires ont tenté de forcer le barrage de policiers pour s'approcher du Vatican. Ces derniers ont alors répliqué en faisant usage de leurs matraques.
Au moins deux personnes ont été arrêtées et une blessée.
3 500 policiers avaient été dépêchés spécialement à Rome en prévision de la visite du président turc, la première pour un chef d'Etat turc au Vatican depuis 59 ans.
La question de Jérusalem évoquée
Le président turc avait prévu de remercier le pape pour avoir, début décembre 2017, contesté la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d'Israël. «Nous sommes tous les deux pour la défense du statu quo», avait commenté Recep Tayyip Erdogan, ardent défenseur de la cause palestinienne dans un entretien accordé le 4 février au quotidien italien La Stampa. Sans surprise, le pape François et le chef d'Etat turc ont convenu ce 5 février de souligner l'importance de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient.
Un ange de la paix, qui étrangle le démon de la guerre
Le souverain pontife, joignant le geste à la parole, a offert au président de la Turquie un médaillon en bronze d'une vingtaine de centimètres de diamètre. «Ceci est un ange de la paix, qui étrangle le démon de la guerre», a détaillé le pape François. «C'est le symbole d'un monde basé sur la paix et la justice», a-t-il ajouté.
L'ombre de la question kurde
Les deux hommes d'Etat ont également rappelé l'importance du respect des droits de l'homme, mais en restant dans les généralités, se gardant d'aborder des sujets qui, dans le détail, pourraient fâcher.
Depuis le 20 janvier dernier, la Turquie mène des attaques en Syrie contre la région d'Afrin, visant officiellement à éloigner de la frontière turque la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), organisation classée comme terroriste par Ankara mais alliée de Washington dans le conflit syrien.
Pour autant, aucune référence n'a été faite à la question kurde lors de la rencontre. En juin 2016, les relations entre Ankara et le Saint-Siège s'étaient considérablement refroidies à l'occasion d'une visite du pape en Arménie. François avait alors utilisé le mot «génocide» pour qualifier les massacres d'Arméniens en 1915 et en 1916. Ankara avait alors fustigé «une mentalité de croisade».