Selon plusieurs sources militaires yéménites citées par l'AFP, le palais présidentiel à Aden est encerclé depuis le 30 janvier au matin par des combattants séparatistes du Sud. Ils contrôlent maintenant l'entrée principale du bâtiment : les membres du gouvernement se trouvant à l'intérieur sont donc «officieusement assignés à résidence», selon un officier de l'armée.
Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi est lui-même réfugié en Arabie saoudite, mais son premier ministre Ahmed ben Dagher et plusieurs membres du gouvernement résidaient ces derniers jours au palais présidentiel d'Aden, alors que des affrontements violents entre séparatistes et forces gouvernementales ont lieu depuis trois jours dans la ville. Les combats récents ont d'ailleurs permis aux séparatistes de s'emparer de plusieurs positions clefs. Le brigadier Saleh al-Sayyed, à la tête des troupes qui combattent les séparatistes depuis trois jours, a annoncé que ses unités avaient pris le contrôle de la quatrième brigade, qui inclut la garde présidentielle à Aden.
De son côté, l'armée gouvernementale a essuyé des pertes humaines : quatre soldats ont perdu la vie dans des échanges de tirs le 29 janvier à Aden. Quelques heures plus tard, la coalition sous commandement saoudien, qui intervient militairement au Yémen depuis 2015, a appelé à un cessez-le-feu immédiat.
Depuis le 28 janvier, ces affrontements entre forces gouvernementales et séparatistes ont fait au moins 36 morts et 185 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les séparatistes étaient précédemment alliés au gouvernement, mais la situation s’est tendue en avril 2017 quand le président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, a limogé le gouverneur d’Aden, Aidarous Al-Zoubaidi, qui a formé le mois suivant un Conseil de transition du Sud, autorité parallèle dominée par des séparatistes. Ce Conseil avait fixé un ultimatum exigeant le départ du premier ministre Ahmed ben Dagher et des «changements au gouvernement», accusé de «corruption».
Au cours des deux ans de bombardements saoudiens incessants sur le Yémen, plus de 10 000 personnes ont été tuées et 40 000 autres blessées, tandis que plus de trois millions de Yéménites ont été déplacés. En outre, le pays est confronté à une grave crise humanitaire. Depuis 2015, moment de l'intervention de la coalition arabe emmenée par Riyad, il subit une épidémie de choléra. Selon l'ONG Save The Children, au moins 1 million d'enfants sont menacés par cette épidémie.
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