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Le parti de Carles Puigdemont a reçu 6,6 millions d'euros de financement illégal

Un tribunal de Barcelone a jugé que le parti des dirigeants catalans Carles Puigdemont et Artur Mas, Convergence démocratique de Catalogne, aurait perçu 6,6 millions auprès d'un groupe de BTP de façon illégale, en échange de contrats.

Un tribunal de Barcelone a déterminé que le parti des ex-présidents indépendantistes de la Catalogne Carles Puigdemont et Artur Mas, Convergence démocratique de Catalogne (CDC), s'était financé illégalement, dans une décision publiée le 15 janvier.

Selon l’avis de la Cour, CDC a reçu au moins 6,6 millions d'euros du groupe espagnol de BTP et services Ferrovial «en échange de l'attribution garantie d'un certain montant de travaux publics».

Les commissions transitaient par le Palais de la musique, prestigieuse institution culturelle de Barcelone, dont les dirigeants sont condamnés à une peine de prison pour avoir détourné 23 millions d'euros entre 2000 et 2009.

Le scandale, qui a éclaté en 2009, a alimenté les soupçons de corruption envers le parti indépendantiste qui a gouverné la région pendant des décennies et s'est lancé à partir de 2012 dans une marche vers l'indépendance s'étant soldée fin octobre par la proclamation d'une République mort-née.

Pour réhabiliter son image, le parti s'est refondé en 2016 sous le nom PDeCAT (Parti démocrate européen catalan). Le 9 janvier, Artur Mas, dirigeant de la Catalogne de 2010 à 2016, en a quitté la direction, une décision que ses détracteurs attribuent à cette affaire judiciaire et à des accusations de corruption.

Selon la cour, Ferrovial et CDC avaient négocié une commission de 4% sur le total des marchés publics obtenus, qui se divisait entre le parti (2,5%) et les deux principaux dirigeants du Palais de la musique.

CDC n'était pas accusée comme personne morale mais devra rendre les 6,6 millions d'euros obtenus de manière irrégulière. Son ancien trésorier, Daniel Osacar, a été condamné à quatre ans et demi de prison.

Carles Puigdemont, visé par le scandale, compte être investi à distance

La décision tombe à deux jours de la constitution du nouveau Parlement catalan, où les indépendantistes ont à nouveau obtenu la majorité absolue en sièges lors des élections régionales anticipées du 21 décembre. Ils sont néanmoins en difficulté pour former un gouvernement, leur principal candidat, l'ex-président catalan Carles Puigdemont, se trouvant en Belgique. En Espagne, il est poursuivi pour rébellion, sédition et détournement de fonds, une inculpation qui entraînerait son placement en détention provisoire s'il rentrait.

Se pose dès lors la question de son investiture à distance qui ne convainc pas son principal allié, la Gauche républicaine de Catalogne, sachant que l'opposition comme le gouvernement central ont promis de saisir la Cour constitutionnelle si cette éventualité se matérialisait.

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