Symbole du combat écologiste, l’église Saint-Lambert du village d’Immerath, dans l'ouest de l'Allemagne, a été rasée le 8 janvier, pour laisser place à une mine de charbon, comme le rapportent plusieurs médias allemands, cités notamment par Challenges. Le lieu d'élévation vers les cieux va laisser place aux entrailles fuligineuses de la terre.
L’édifice religieux, surnommé Immerather Dom, faisait l'objet d'une lutte active des militants de Greenpeace, qui n’ont rien pu faire contre la pelleteuse escortée de policiers qui a procédé à la démolition.
Qui détruit la culture détruit aussi les hommes
Immerath, petit village bucolique, avait été vidé en 2013 de ses quelque 900 habitants pour laisser place à un futur site minier exploité par le géant gazier RWE. Les activistes de Greenpeace Allemagne n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour empêcher la destruction du dernier vestige du village fantôme. Des manifestations étaient encore organisées le 8 janvier sur le site, sillonné par un hélicoptère de la police. Des militants ont grimpé sur la façade pour déployer une bannière sur laquelle il était écrit : «Qui détruit la culture détruit aussi les hommes».
Une activiste s'est enchaînée à une pelleteuse. Des citoyens, des manifestants et des enfants sont venus déposer des fleurs sur une barrière encerclant l’église.
Des activistes ont également enflammé des lettres formant l’expression «end coal» («arrêtons le charbon»), la nuit suivant la première étape de la démolition.
L’Eglise de Saint-Lambert, inaugurée en 1891, était sise sur un site peuplé depuis le XIIe siècle. Les habitants déplacés qui vont laisser place à une mine de lignite, ont été relogés dans un nouveau village situé à huit kilomètres plus à l’ouest. Le projet de mine de RWE faisait l’objet de recours depuis plusieurs années.
La lignite, qui sera exploitée sur le site d'Immerath, est un des charbons les plus polluants lorsqu’il est brûlé pour produire de l'électricité.
L’autorisation de cette exploitation vient témoigner de la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis des énergies fossiles. Même si Angela Merkel se positionne en championne de l’écologie, le «mix énergétique» allemand est largement dépendant du charbon. En 2011, la chancelière avait pris une décision historique : abandonner le nucléaire d'ici 2022. En 2016, la part de l'énergie nucléaire a baissé de 17,6% à 13,1%, celle des énergies renouvelables a augmenté de 20,1% à 29,5%, et la part du charbon est restée stable, autour de 40%. Si les énergies renouvelables ont remplacé la perte d’énergie dévolue à l’atome, la consommation de charbon est restée élevée à cause de la rigueur du froid ces dernières années en Allemagne.
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