La Corée du Nord a officiellement proposé le 9 janvier d'envoyer des athlètes et une délégation de haut rang aux prochains Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud lors d'un exceptionnel face à face après les tensions suscitées par les ambitions nucléaires de Pyongyang.
Séoul a profité de cette rencontre, la première depuis plus de deux ans, pour demander que soit organisée parallèlement aux Jeux d'hiver une réunion des familles séparées par la guerre (1950-1953). Les discussions se tiennent à Panmunjeon, village frontalier où fut signé le cessez-le-feu, dans la zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule.
La délégation nord-coréenne a traversé à pied la ligne de démarcation militaire pour se rendre à la «Maison de la paix», lieu où se déroulent ce type de rencontres du côté sud-coréen, à quelques mètres de l'endroit où un transfuge nord-coréen a fait défection en novembre sous une pluie de balles.
Le ministre sud-coréen de l'Unification Cho Myoung-gyon, chef de la délégation sud-coréenne, et le responsable de la délégation nord-coréenne Ri Son-gwon se sont serré la main avant d'entrer dans le bâtiment. Conformément aux usages nord-coréens, Ri Son-gwon arborait un badge orné du portrait du père fondateur de la Corée du Nord, Kim Il-sung, et de celui de son fils et successeur Kim Jong-il. Cho Myoung-gyon, lui, portait un badge aux couleurs sud-coréennes.
Seuls deux Nord-Coréens qualifiés, mais la sœur de Kim Jong-un annoncée aux JO
En même temps que ses sportifs, le Nord a proposé d'envoyer aux JO de Pyeongchang, qui se tiendront du 9 au 25 février, une délégation de haut niveau, des supporters, des artistes et une équipe de démonstration de taekwondo, selon le ministre adjoint sud-coréen à l'Unification Chun Hae-Sung qui s'exprimait devant la presse.
Séoul a appelé à la reprise des réunions des familles, de même qu'à des pourparlers entre les Croix-Rouge des deux pays, et des discussions militaires destinées à éviter les «heurts accidentels».
Séoul s'efforce de présenter les JO qui auront lieu à tout juste 80 kilomètres de la DMZ comme les «Olympiades de la paix», mais pour que l'expression prenne son sens, la participation du Nord est essentielle. Ces pourparlers ont eu lieu peu après la main tendue, le jour du Nouvel an, par Kim Jong-un, qui avait évoqué une participation aux JO. Dans les premiers jours de janvier, le téléphone rouge entre les deux voisins a été rétabli après près de deux ans de silence.
Reste encore à déterminer si les représentants des deux pays feront une entrée commune lors des cérémonies d'ouverture et de clôture, comme à Sydney en 2000, à Athènes en 2004 et lors des jeux d'hiver de Turin en 2006.
La taille de la délégation nord-coréenne, de même que son hébergement, qui devrait être financé par Séoul, doivent aussi être établis. Seuls deux athlètes nord-coréens se sont qualifiés, si bien que le Nord devrait envoyer au Sud un imposant contingent de supporters, selon des analystes.
Les médias sud-coréens ont laissé entendre que Pyongyang pourrait envoyer d'éminents représentants, dont la petite soeur de Kim Jong-un, Yo-Jong, haute dirigeante du parti au pouvoir. Les deux parties avaient exprimé leur souhait d'évoquer des thèmes au-delà de l'olympisme. Pyongyang a jusqu'à présent renvoyé Séoul dans ses cordes s'agissant des familles, réclamant au préalable le rapatriement par le Sud de Nord-Coréens. Les Etats-Unis et la Corée du Sud avaient accepté dès le début de l'année de reporter leurs manœuvres militaires conjointes jusqu'à l'après-JO dans le but d'apaiser les tensions.
Donald Trump s'est pour sa part félicité le 6 janvier de la reprise des discussions, espérant qu'elles aillent «au-delà» des JO. Il s'est aussi dit prêt à s'entretenir avec Kim Jong-un. «Cela ne se fera pas du jour au lendemain», a toutefois tempéré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, précisant sur la chaîne ABC le 7 janvier que les essais nucléaires de Pyongyang devait cesser avant toute discussion avec les Etats-Unis.