«L'enseignement de l'anglais dans les écoles primaires publiques et non-publiques du cursus officiel est contraire aux lois et règlements», a annoncé Mehdi Navid-Adham, président du haut conseil iranien de l'éducation, à la télévision le 6 janvier. «A l’école primaire, les fondamentaux doivent être de promouvoir la culture perse et iranienne», a-t-il précisé.
L'enseignement de l'anglais a été interdit alors qu’Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution iranienne, avait lancé une charge violente contre cette langue à l'occasion du jour des enseignants, le 2 mai 2016, s’indignant de la «propagation de l'enseignement de la langue anglaise dès la crèche».
Il avait expliqué ne pas être opposé à l'apprentissage de langues étrangères en général, mais avait blâmé la promotion d'une «culture étrangère» auprès des enfants et de la jeunesse.
«Les penseurs occidentaux n'ont eu de cesse de répéter que plutôt qu'un expansionnisme colonial, le meilleur et le moins coûteux des moyens était l'inculcation de la pensée et de la culture auprès des jeunes générations dans ces pays», explique le haut dignitaire religieux dans le texte de son discours consultable en ligne.
Une vision du monde à laquelle s’était opposé le président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, dans un discours prononcé le 4 mai. Il avait expliqué sans ambiguïté : «Plus nous familiarisons notre jeunesse avec les langues du monde, plus nous leur ouvrons une nouvelle fenêtre sur la science, la connaissance et la compréhension de ce monde.» Il avait cité l'exemple de l’Inde et de ses deux milliards d’habitants «qui [remportent] des grands succès économiques dans le champ des nouvelles technologies de l’information» grâce à leur maîtrise de l'anglais. Il avait souhaité que les Iraniens apprennent «une langue [susceptible de créer] plus d’emploi pour les générations futures et qui renforcera nos relations économiques». Ce souhait du président iranien restera un vœu pieux.
L'Iran, où la langue officielle est le farsi, fait figure de véritable mosaïque linguistique, puisque plusieurs dizaines de langues y cohabitent. Parmi elles, des langues iraniennes, comme le kurde ou le baloutchi (parlés respectivement par 10% et 2% des Iraniens), mais aussi des langues turques (azéri, kachkaï...) ou l'arabe. L’école primaire dure six ans, de 6 à 12 ans et l’enseignement de l’anglais ne démarre qu'au collège, à partir de 12 ans. Mais certaines écoles, des établissements privés prisés par des familles plus fortunées pour la plupart, ont introduit l'apprentissage de l'anglais dès l'école primaire, il y a déjà plusieurs années.
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