Lors d'une conférence de presse conjointe avec le président turc Recep Tayyip Erdogan le 5 janvier, à Paris, le président de la République française, Emmanuel Macron, a une nouvelle fois estimé que les négociations d'Astana sur la Syrie ne permettraient pas de «construire la paix» en Syrie.
En réponse à un journaliste qui l’interrogeait sur les raisons de l’absence d'un soutien de la France aux négociations d’Astana, le chef de l'Etat français a affirmé qu'elles avaient certes «une utilité» sur le plan militaire, afin d’éradiquer l'organisation djihadiste Daesh, mais qu'elles ne pourraient pas permettre la résolution politique du conflit. Selon le président français, certains pays prenant part aux négociations «n’ont pas les même intérêts» que le président turc.
Avec la Russie et l'Iran, la Turquie est l'un des parrains du processus de paix d'Astana et à ce titre, elle est censée être l'un des promoteurs du Congrès du dialogue national syrien, qui doit réunir autour d'une même table toutes les composantes de la société syrienne, y compris Bachar el-Assad afin d'entamer une résolution politique de la crise entre toutes les parties intéressées.
Le processus d'Astana est régulièrement critiqué par Emmanuel Macron, car il ne permettrait pas selon lui de «régler de manière stable et durable la situation en Syrie».
Une position turque sur le dossier syrien difficile à suivre
Si Ankara participe aux négociations d'Astana, elle a pour autant une position ambivalente sur la Syrie. Ainsi, lors d'une visite officielle en Tunisie effectuée le 27 décembre dernier, le président turc avait ni plus ni moins accusé le président syrien d'être un terroriste, alors même que le gouvernement syrien est impliqué dans le processus d'Astana. «Je le dis très clairement, Bachar el-Assad est un terroriste qui a eu recours au terrorisme d'Etat», avait alors déclaré Recep Tayyip Erdogan.
Si Emmanuel Macron ne croit guère aux chances du processus de paix d'Astana, celui qui se déroule à Genève, sous l’égide des Nations unies semble au point mort. Lakhdar Brahimi, l'ancien médiateur de l'ONU pour la Syrie qui a démissionné en mai 2014 face au blocage des négociations de paix, avait néanmoins estimé le 12 décembre que les négociations d'Astana «[pourraient] aboutir plus rapidement à un objectif qui est celui de la réconciliation».
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