Lors d’un discours prononcé le 21 décembre dans le cadre de la 15e campagne nationale contre la violence faite aux femmes, le maire de Rabat Mohamed Sadiki a annoncé sa volonté de mettre en circulation des bus roses réservés aux femmes, afin de «faire reculer les cas de violence et de harcèlement dont elle sont victimes».
Selon l’élu membre du parti islamiste Justice et Développement (PJD), cette initiative sera concrétisée après la résolution du déficit en transport qui se pose actuellement dans la capitale marocaine. Il a en outre affirmé que «la violence contre les femmes [était] étrangère à la culture marocaine» mais que les sociétés occidentales étaient «mieux loties dans ce domaine parce qu'elles rejettent la violence contre les femmes et y font face».
Une décision qui est loin de faire l’unanimité
Les réactions sur les réseaux sociaux autour de ce projet ne se sont pas fait attendre. Si certains ont salué cette idée en arguant que d’autres pays l’avaient déjà mise en place, d’autres ont au contraire déploré des solutions rétrogrades et discriminatoires.
Dans d'autres pays comme le Japon, la Malaisie, l'Inde ou l'Egypte, les bus réservés aux femmes sont monnaie courante. En mars 2016, une compagnie ferroviaire régionale allemande avait même décidé de mettre en place des compartiments réservés aux femmes seules et aux enfants après la vague d'agressions sexuelles à Cologne lors de la nouvelle année.
Une agression sexuelle collective dans un bus a relancé le débat
Diffusées le 20 août sur les réseaux sociaux, les images d'une agression sexuelle collective à Casablanca avaient rapidement suscité une salve de réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans les médias marocains. Sur les images, on aperçoit un groupe d'adolescents, torse nu, en train de bousculer violemment une jeune femme en pleurs dans un bus, la touchant aux parties intimes de son corps, tout en s’esclaffant. La victime, à moitié dénudée, pousse des cris de détresse, alors que le bus continue de rouler, sans qu'aucun passager n'intervienne. Trois jours après, près de 300 personnes avaient manifesté à Casablanca, la capitale économique du Maroc, pour dénoncer l'agression sexuelle collective dont avait été victime la jeune femme.
De leur côté, de nombreux médias locaux ont tiré la sonnette d'alarme sur le harcèlement des femmes dans la rue, avec en toile de fond une «crise des valeurs» dans une société tiraillée entre modernité et conservatisme.
Dans le dernier rapport gouvernemental sur le sujet, publié en 2015, les affaires de violences physiques traitées par les tribunaux marocains en 2014 ont augmenté de 8,33% par rapport à 2013. Les lieux publics demeurent les endroits où la violence physique à leur égard est la plus manifeste.