Le ministère russe de la Défense a réagi le 10 décembre dans un communiqué aux insinuations du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, prétendant que la Russie s'était appropriée la victoire sur l'Etat islamique. Surpris, le ministère a rétorqué : «Il est étrange d'entendre le ministre français des Affaires étrangères parler d'une attribution de la victoire sur Daesh par la Russie. Le fait que Daesh soit désormais vaincu en Syrie est dû aux dirigeants syriens et aux forces gouvernementales.»
En trois ans d’existence, la coalition internationale n’est parvenue que récemment à un premier résultat
Le communiqué précise : «Avec le soutien de l’aviation russe, l’armée syrienne a libéré des centaines de localités occupées par des terroristes de l’Etat islamique et a repris le contrôle légitime de presque tout le territoire du pays. En trois ans d’existence, la coalition internationale [menée par Washington] n’est parvenue que récemment à un premier résultat […] avec la destruction de Raqqa et de ses habitants.»
Jean-Yves le Drian veut mettre en avant la coalition
Jean-Yves Le Drian avait en effet accusé la Russie de s'être approprié la victoire sur le groupe terroriste en Syrie, sur BFMTV le 8 décembre. Il avait souhaité rappeler le rôle joué par les forces de la coalition internationale. «Je trouve parfois un peu étonnant que la Russie s’approprie la victoire contre Daesh, même si un peu tardivement les forces russes, en appui des forces du régime de Bachar al-Assad, ont pu libérer Deir ez-Zor», avait commenté le ministre des Affaires étrangères.
Il avait estimé que la chute du califat autoproclamé avait été possible «grâce à l’action de la coalition, grâce aussi, sur la fin, à celle du régime de Damas, soutenu par la Russie, mais uniquement à la fin». L'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenue par la coalition internationale menée par Washington, aurait repris à Daesh «40% de la Syrie et 60% des ressources pétrolières» selon ses calculs.
Il n'y a donc plus, à l'heure actuelle, aucun territoire contrôlé par Daesh en Syrie
Le 6 décembre, le président russe Vladimir Poutine affirmait que l’Etat islamique avait été chassé de la totalité du territoire syrien, tout en reconnaissant qu'il pouvait subsister certaines «poches de résistance» terroristes. Un constat qui a suscité les interprétations du ministre français.
Vladimir Poutine avait en outre souligné que la Russie et la Syrie avaient détruit «l'un des plus puissants groupes terroristes internationaux en à peine deux ans». Le chef d'état-major des forces armées russes Valéry Guérassimov avait quant à lui signalé le 6 décembre que le territoire syrien avait été «totalement libéré» des combattants de l'Etat islamique. «Il n'y a donc plus, à l'heure actuelle, aucun territoire contrôlé par Daesh en Syrie», avait-il ajouté. La Russie avait estimé que la mission de son armée, au côté du régime de Damas, était désormais «accomplie».
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