Lors du congrès de son parti le 7 décembre, Martin Schulz, président du Parti social-démocrate allemand (SPD), a plaidé pour l'antienne des Etats-Unis d'Europe. Concept qui avait déjà germé en 1925 lors du congrès du SPD à Heidelbgerg. Reprise ensuite après la seconde guerre mondiale par Jean Monnet, l'idée des Etats-Unis d'Europe promeut la casse des Etats-nations pour promouvoir une seule et même entité : l'Europe. Dans une conception tout autre, au XIXe siècle, Victor Hugo avait lui aussi promu les Etats-Unis d'Europe, mais sans l'effacement des particularités nationales.
Pour appuyer son discours, Martin Schulz a émis l'idée que les Etats européens se penchent sur l'écriture d'une nouvelle constitution pour 2025. Le leader de la gauche allemande prévient : ceux qui refuseront de se prêter au jeu, seront exclus du nouvel objet politique à construire. Une conception qui devrait satisfaire Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Ce dernier avait notamment déclaré, suite au refus d'effacer la dette grecque, dans Le Figaro du 28 janvier 2015 : «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens.»
Martin Schulz menace les Etats qui s'écartent de ses valeurs européennes
Martin Schulz met ainsi en garde certains pays du groupe de Visegrad comme la Hongrie. Des Etats qui sont actuellement renvoyés devant la Cour de justice de l'Union européenne pour avoir refusé de se conformer aux accords européens sur les quotas de migrants à accueillir.
Martin Schulz espère également dominer les réticences de certaines nations, souvent rétives à la perspective fédérale... et particulièrement la France pour son «non», lors du référendum de 2005, sur la création d'un traité établissant une constitution pour l'Europe.
«Seule une Europe forte peut forcer les géants comme Facebook et Google à respecter nos règles et les droits basiques», a-t-il déclaré.
En outre, Martin Schulz a souhaité la création d'un ministère européen des finances pour lutter contre l'évasion fiscale.
Un appel du pied clair à Emmanuel Macron, président de la République française, qui en a fait l'un de ses chevaux de bataille pour son mandat.
Endosser un statut de leader pour mieux négocier avec Angela Merkel ?
Contesté par l'électorat lors des législatives de septembre, le SPD a atteint un score historiquement bas (20,5%). Martin Schulz espère-t-il, en se posant en chantre du fédéralisme, retrouver une légitimité sur la scène politique ?
Son autorité dans la conviction européenne pourrait également viser à déstabiliser Angela Merkel qui peine actuellement à fonder une coalition majoritaire au Parlement. Le SPD, qui négocie actuellement avec la droite allemande, pourrait tenter d'imposer son programme européen à Angela Merkel. L'actuelle chancelière se retrouverait dans une position difficile, puisqu'elle a besoin du SPD pour former une alliance politique et ainsi empêcher de nouvelles élections.
Bastien Gouly
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