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Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël, la communauté internationale condamne

La Maison blanche a annoncé que les Etats-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale d'Israël. Dans le monde, les réactions se succèdent, alors que le monde arabo-musulman condamne d'une seule voix cette décision.

Jeudi 7 décembre

Un seul pays a emboîté le pas des États-Unis pour l'instant : la République tchèque. Dans un communiqué diffusé par son ministère des Affaires étrangères, la République tchèque a affirmé qu'en attendant que la paix soit signée entre Israël et la Palestine, elle reconnaissait Jérusalem comme étant «de fait la capitale d'Israël».

Le ministère a précisé dans ce communiqué qu'il considérait que Jérusalem serait à terme la capitale des deux Etats, aussi bien d'Israël que du futur Etat palestinien.

Prague a en outre promis le déménagement de son ambassade, mais seulement «sur la base des résultats des négociations [de paix israélo-palestinienne] avec les partenaires clés de la région et du monde».

«Moscou est très inquiet de la décision qui a été annoncée à Washington», a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, disant craindre des conséquences pour la région dans son ensemble.

«Un règlement juste et sûr du conflit israélo-palestinien doit être atteint sur une base juridique internationale prenant en compte les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies, qui prévoient le règlement de tous les aspects du statut définitif des territoires palestiniens, y compris la question sensible de Jérusalem, lors de négociations directes israélo-palestiniennes», poursuit le ministère.

«Nous appelons toutes les parties prenantes à la retenue et à renoncer à des actions incontrôlées et lourdes de conséquences», ajoute le ministère russe, appelant également à se pencher sur le problème de «l'accès libre de tous les croyants aux lieux saints de Jérusalem».

La Russie, membre du Conseil de Sécurité de l'ONU et du Quartet pour le Proche-Orient, prône «une existence sûre et pacifique d'Israël au sein de frontières reconnues internationalement, ainsi que la réalisation des espoirs du peuple palestinien en la création d'un Etat indépendant propre».

Huit pays, dont quatre européens, deux sud-américains et deux africains, ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

«Les missions de Bolivie, d'Egypte, de France, d'Italie, du Sénégal, de Suède, du Royaume-Uni et d'Uruguay demandent à la présidence [du Conseil de Sécurité de l'ONU] d'organiser une réunion d'urgence du Conseil, avec un exposé du secrétaire général, avant la fin de la semaine», fait savoir un communiqué de la mission suédoise.

Un rassemblement débute à Amman en Jordanie, où des manifestants scandent des slogans anti-américains.

Mercredi 6 décembre

Angela Merkel a elle aussi fait savoir qu'elle ne soutenait pas l'initiative du président américain.

«Nous ne sommes pas d'accord avec la décision américaine de transférer son ambassade à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem comme la capitale israélienne avant un accord final sur son statut», a déclaré le Premier ministre britannique Theresa May dans un communiqué.

En France également, la décision des Etats-Unis fait réagir.

En savoir plus : Macron déplore la décision de Trump sur Jérusalem, le CRIF lui enjoint de s'y conformer

L'Union européenne, par la voix de la Haute représentante de l'Union pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini, a fait savoir : «Les aspirations des deux parties doivent être remplies et un moyen doit être trouvé par les négociations de résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale des deux Etats.»

Les pays musulmans ont condamné à l'unisson la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, et d'y transférer leur ambassade. Le Hamas estime de son côté que les Etats-Unis ont «ouvert les portes de l'enfer» par cette décision.

Le président iranien Hassan Rohani a fustigé la décision que doit prendre le 6 décembre son homologue américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, assurant que son pays ne le tolérerait pas.

L'Iran «ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans», a-t-il affirmé lors d'un discours devant des responsables à Téhéran. «Les musulmans doivent rester unis face à ce grand complot».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan va organiser le 13 décembre à Istanbul un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans après la décision de l'administration américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

«Notre président de la République convoque un sommet extraordinaire de l'Organisation de coopération islamique (OCI) pour permettre aux pays musulmans d'agir de façon unifiée et coordonnée face à ces développements», a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin, précisant que cette réunion aurait lieu le 13 décembre à Istanbul.

Jordaniens et Palestiniens demandent une réunion d'urgence de la Ligue arabe.

Benyamin Netanyahu est resté totalement silencieux sur la question de Jérusalem le 6 décembre lors d'un discours prononcé au cours d'une conférence diplomatique, alors que le président américain Donald Trump s'apprête à reconnaître la ville sainte comme capitale d'Israël.

Chacun guettait le premier commentaire public du Premier ministre de l'Etat hébreu sur le sujet devant un parterre de diplomates, de politiciens ou d'analystes. Il s'en est tenu à un discours sur de nouvelles convergences diplomatiques régionales, la menace représentée selon lui par l'Iran et les performances de son pays dans le domaine de la sécurité et de l'économie.

Le Kremlin a refusé de commenter «une décision qui n'a pas encore été prise». Le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a toutefois exprimé ses inquiétudes quant à un ravivement du conflit entre Palestiniens et Israéliens.

Le gouvernement turc a réagi en dénonçant une décision qui, selon lui, plongera le monde «dans un feu sans fin». «Faire de Jérusalem la capitale d'Israël, c'est mépriser l'histoire et la vérité», a déclaré le vice-Premier ministre Bekir Bozdag.

«L’Arabie saoudite exprime sa profonde inquiétude quant aux informations sur l’intention de l’administration américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de déplacer son ambassade à Jérusalem», a fait savoir de son côté le ministère saoudien des Affaires étrangères, citée par l’agence officielle SPA.

Le gouvernement syrien a également condamné par avance la décision de Donald Trump. «C'est le point culminant d'un crime d'usurpation et de déportation du peuple palestinien», a dénoncé le ministère syrien des Affaires étrangères.

L'Iran tient l'annonce prochaine de Donald Trump pour «un signe d'incompétence». Soulignant que cette décision vient compromettre la paix dans toute la région, Téhéran dénonce «l'échec» de la diplomatie américaine.

L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolaï Mladenov, a déclaré que le statut futur de Jérusalem devait faire l'objet de négociations. «L'avenir de Jérusalem est quelque chose qui doit être négocié avec Israël et les Palestiniens assis côte à côte dans des négociations directes», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

Le Royaume-Uni a annoncé qu'il «observ[ait] avec préoccupation» les récents développements aux Etats-Unis. Le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, a expliqué la position de son pays sur ce dossier. «Nous pensons que Jérusalem devrait évidemment faire partie d'une solution définitive au conflit entre Israéliens et Palestiniens, une solution négociée».

«Nous-mêmes n'avons pas l'intention de déplacer notre ambassade», a également tenu à préciser le ministre britannique, alors que Donald Trump devrait également ordonner des préparatifs pour déménager, à terme, l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers Jérusalem.

L'Allemagne tient une flambée de violences au Moyen-Orient pour possible. En maintenant  l'extrême prudence caractéristique de sa diplomatie envers Israël, Berlin s'est contenté de conseiller à ses ressortissants présents à Jérusalem d'éviter les quartiers où des manifestations sont prévues.

La Chine a également fait part de ses craintes quant aux conséquences de la décision de la Maison Blanche. Pékin a déclaré être «inquiet» d'une «escalade au Proche-Orient».

Le Pape lui-même a tenu à s'exprimer sur le sujet. S'il n'a pas livré de jugement direct quant à l'annonce américaine, le chef de l'Etat du Vatican a en revanche averti que «les droits de tous les peuples» devaient être garantis dans la ville sainte. Selon le Saint Père, il s'agit d'une condition sine qua non à tout dialogue.

Alors que l'annonce de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par les Etats-Unis est attendue dans la soirée du 6 décembre, la communauté internationale s'agite et manifeste son inquiétude. De nombreux pays craignent que la rupture avec la prudence dont a témoigné jusqu'ici Washington dans ce dossier hautement délicat ne jette de l'huile sur le feu.