Le 1er décembre, les Etats-Unis étaient suspendus aux lèvres de Michael Flynn, l'ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump qui devait témoigner devant les juges, dans le cadre de l'enquête sur la supposée ingérence de la Russie dans la présidentielle américaine. Or dès le matin, Brian Ross, journaliste de la chaîne télévisée ABC depuis une vingtaine d'années, a déclaré qu'il connaissait déjà le contenu du témoignage du conseiller déchu, grâce à une «source anonyme».
Il a donc déclaré plein de confiance, en direct sur ABC, que le témoignage de Michael Flynn serait accablant pour Donald Trump, précisant même que selon sa source, le futur président américain aurait demandé à son conseiller à la sécurité nationale de contacter la Russie dès 2016, en pleine campagne.
Or, la teneur du témoignage de Michael Flynn aux juges n'a pas confirmé les propos du journaliste...
Le soir du 1er décembre, lors de l'émission World News Tonight, Brian Ross a tenté de s'expliquer sur sa prédiction incorrecte, assurant aux téléspectateurs que sa source anonyme ne lui avait fait savoir que plus tard que c'était en fait en tant que président-élu, et non candidat à l'élection présidentielle en campagne, que Donald Trump aurait demandé à Michael Flynn de contacter les Russes.
«Nous nous excusons pour la grave erreur commise»
Ce correctif n'a visiblement pas convaincu ABC, qui a annoncé le 2 décembre la mise à pied de son journaliste, dans un communiqué qui précisait : «Nous regrettons profondément et nous excusons pour la grave erreur commise hier. Le reportage de Brian Ross diffusé au cours de son émission n'avait pas été correctement validé en amont et ne répondait pas à nos exigences éditoriales en la matière.»
Le communiqué se concluait ensuite par la sentence : «Brian Ross est suspendu pour quatre semaines non-payées, avec effet immédiat.»
En raison de l'annonce trompeuse de Brian Ross sur Michael Flynn, taxée de «fake news» par les soutiens de Donald Trump, l'indice sur le cours du Dow Jones a même plongé pendant quelques heures, comme l'a remarqué un reporter du site Daily Wire.
Donald Trump boit du petit-lait
Le 3 décembre, le président américain a lui-même tenu à féliciter sur Twitter la direction de ABC pour sa décision et a qualifié «le reportage de Brian Ross sur la chasse aux sorcières russes, russes, russes», d'«horriblement erronée et malhonnête».
Partant, le locataire de la Maison Blanche a appelé les autres médias à «faire de même avec leurs fake news !»
Retour sur l'affaire Michael Flynn
Pour mémoire, le 1er décembre, Michael Flynn a admis avoir menti au FBI, sur ses conversations fin 2016 avec l'ambassadeur de Russie, Sergueï Kisliak, sous Barack Obama (soit après l'élection de Donald Trump mais avant son investiture officielle). Il a reconnu devant la justice avoir «contacté» l'ambassadeur russe à la demande d'un «très haut responsable» de l'équipe Trump, qu'il ne nomme pas.
Réagissant à ces aveux, le président américain a assuré que les «actions [de Michael Flynn] durant la période de transition [entre les administrations Obama et Trump] étaient licites». Par conséquent, Donald Trump considère qu'il n'y avait «rien à cacher» et que Michael Flynn n'avait aucune raison de mentir au FBI.
En février dernier, Michael Flynn, ancien directeur du renseignement militaire américain, avait été contraint de quitter ses fonctions de conseiller de Donald Trump après la révélation par le Washington Post et le New York Times de ses conversations téléphoniques de fin 2016 avec l'ambassadeur de Russie. En cause : Michael Flynn aurait fourni au vice-président Mike Pence des informations incomplètes sur ces discussions.
La presse avait beaucoup spéculé sur le contenu de ces conversations, avançant notamment comme hypothèse qu'elles avaient pour objet un possible allègement des sanctions américaines contre Moscou.
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