«Si quelqu'un veut vraiment faire usage de la force – comme l'a affirmé l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU – pour détruire la Corée du Nord [...] alors je pense que c'est jouer avec le feu et que c'est une grosse erreur», a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, en marge d'un déplacement à Rome le 1er décembre.
Au lendemain du dernier essai de missile de Pyongyang (daté du 29 novembre), la représentante de Washington à l’ONU Nikki Haley, avait non seulement appelé tous les pays du monde à couper leurs relations diplomatiques et commerciales avec la Corée du Nord, mais surtout menacé de «détruire complètement» Pyongyang «en cas de guerre».
Un discours qualifié par le chef de la diplomatie russe de «véritable tirade sanguinaire». Il a en outre souligné la volonté de Moscou d'éviter à tout prix un conflit militaire : «Nous ferons tout pour nous assurer [...] que le problème soit résolu par des moyens exclusivement pacifiques et politico-diplomatiques.»
Washington provoque Pyongyang, selon Moscou
Rappelant que la Russie travaillait en étroite collaboration avec les Etats-Unis sur la question nord-coréenne – plusieurs réunions s'étant tenues entre les diplomates des deux pays – Sergueï Lavrov a noté un changement d'attitude dans les coulisses du pouvoir à Washington au cours des deux derniers mois : «Il y a cette impression que des gens à Washington essaient à tout prix de provoquer Pyongyang pour pousser la Corée du Nord à agir de manière inconsidérée.»
Le ministre a pris pour exemple l'annonce en octobre d'exercices militaires de grande ampleur entre les forces américaines et sud-coréennes, qui n'étaient pas programmés. «De nouveaux exercices sont également annoncés pour décembre – bien que, dans le contexte habituel, ils n'auraient pas dû être menés avant le printemps», a encore souligné Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe, estimant que Moscou avait une position «directe, honnête et ouverte» sur la question nord-coréenne, a martelé que «la tâche principale» des grandes puissances résidait dans la prévention d'un conflit armé, qui aurait des conséquences désastreuses non seulement pour la région mais aussi au-delà. Dans cette optique, il a rappelé que la Russie et la Chine avaient développé conjointement une feuille de route pour sortir de cette crise.
Cette dernière implique le rejet de toute action qui puisse alimenter les tensions, afin de pouvoir effectuer une transition vers des négociations. Selon les termes de la proposition, la Corée du Nord devrait suspendre ses essais nucléaires et ses tirs de missiles balistiques, et en contrepartie, les Etats-Unis et la Corée du Sud ne devraient plus mener d'exercice militaires conjoints dans la région. Un projet qualifié de «double gel», qui a été rejeté par Washington en août dernier.