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Invoquant une démocratie fragilisée, l'UE coupe 175 millions d'euros de financement à la Turquie

Dans un contexte déjà tendu, le budget 2018 de Bruxelles acte une réduction de 175 millions d'euros du fonds de pré-accession de Turquie à l'Union européenne, en raison de la «situation» de la démocratie dans ce pays.

Le budget de l'année 2018 adopté par l'Union européenne le 30 novembre met en lumière les tensions croissantes entre le bloc et la Turquie. L'UE a en effet décidé de diminuer de 105 millions d'euros le montant du fond de pré-accession alloué à Ankara l'année prochaine. 

Une décision justifiée dans un communiqué de presse par «la situation» en Turquie dans des domaines chers aux dirigeants européens, à savoir la démocratie, l'Etat de droit, les droits de l'homme ou encore la liberté de la presse. En outre, 70 millions supplémentaires sont «gelés». Bruxelles précise qu'ils pourront être débloqués si Ankara fait suffisamment d'«améliorations mesurables» dans les domaines en question.

«Tant que la Turquie ne respecte pas la liberté d'expression, les droits de l'homme et dérive de plus en plus loin des standards démocratiques européens, nous ne pouvons pas financer un tel régime avec des fonds européens», a expliqué le négociateur en chef du budget pour le Parlement européen, Siegfried Muresan, dans des propos rapportés par Reuters le 30 novembre.

Depuis la tentative de putsch et les purges d'une ampleur inédite qui ont notamment visé des opposants politiques kurdes et des médias d'opposition, les relations entre l'UE et la Turquie, déjà difficiles, se sont encore dégradées. Les pourparlers d'accession d'Ankara à l'UE, lancés en 2005, sont actuellement en pause et plusieurs dirigeants européens, y compris la chancelière allemande Angela Merkel, ont appelé à un arrêt pur et simple des discussions.

En dehors de l'argent que l'UE doit à la Turquie dans le cadre de son accord visant à empêcher les départs de migrants et réfugiés vers l'Europe, 4,4 milliards d'euros sont prévus dans le budget de l'UE sur la période 2014-2020 pour aider le gouvernement turc à mettre en œuvre des réformes visant à se rapprocher de l'UE. Toutefois, en raison du blocage quasi complet des négociations, moins de 400 millions d'euros ont pour l'heure été alloués à ces projets.

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