Un Internet indépendant pour assurer le plus haut degré de sécurité : c’est le projet annoncé par le Conseil de la Défense russe pendant une séance en octobre, d’après le quotidien russe RBK dans son édition du 28 novembre. Selon le journal, le Conseil a confié aux ministères russes de la Communication et des Affaires étrangères d'engager une discussion à ce sujet avec les autres pays des Brics (Brésil, Inde, Chine et Afrique du sud) avant le 1er août. Ce délai aurait été fixé par Vladimir Poutine en personne.
Il s’agit plus particulièrement de créer, pour ces cinq états, «un système de serveurs DNS doubleurs, indépendant du contrôle de Icann, Iana et VeriSign [des sociétés américaines de régulation de l’Internet] et capable de desservir les besoins des utilisateurs des pays [des Brics] en cas de défaillances ou d'influences ciblées», d’après le document cité par RBK.
«Les capacités accrues des pays occidentaux à conduire des opérations offensives dans l’espace numérique [...] représentent une menace sérieuse pour la défense de la Russie. La domination des Etats-Unis et de certains pays de l’UE en matière de régulation de l’Internet est persistante», lit-on dans le document.
La Russie se penche depuis quelques années sur la question de sa dépendance du système global des serveurs DNS, intermédiaires de toutes les connexions sur Internet. En 2014, le ministère russe de la Communication a conduit un exercice massif où il a simulé la «déconnexion» soudaine de la Russie. Le système auxiliaire de serveurs DNS avait alors assuré avec succès le maintien du fonctionnement du réseau à l’intérieur du pays.
Il ne s'agit que d'exercices simulant des cas d'urgence selon Moscou, qui n'envisage pas la possibilité d'une déconnexion intentionnelle. «Une séparation de la Russie de l’Internet mondial est évidemment hors de question», avait déclaré à ce sujet le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Mais on observe depuis quelques temps une certaine imprévisibilité des actions de nos partenaires aux Etats-Unis et en Europe, et nous devons être prêts à faire face à n’importe quelle situation», a-t-il cependant assuré.