La Commission européenne a annoncé que les Etats membres de l'UE, réunis au sein d'un comité d'appel, avaient voté le 27 novembre en faveur d'une nouvelle autorisation pour cinq ans du glyphosate, l'herbicide controversé.
Dix-huit pays ont voté en faveur de la proposition de l'exécutif européen, représentant à peine plus des 65% de la population de l'UE nécessaires. Neuf s'y sont opposés, dont la Belgique et la France, et un pays s'est abstenu. La majorité qualifiée requise a pu être obtenue, contrairement à un premier vote début novembre, grâce au vote «pour» de l'Allemagne.
La classe politique française scandalisée, de gauche à droite
José Bové, député européen, a réagi sur Twitter, en dénonçant : «Le scandale du glyphosate se poursuit. On en reprend tous pour cinq ans, paysans, consommateurs. Le principe de précaution est foulé aux pieds. Bayer et Monsanto ont réussit à tordre le bras à Mme Merkel. C'est la victoire du business sur la science.»
Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et ancienne députée européenne, a aussi exprimé son dégoût. Elle évoque une «scandaleuse décision sur le glyphosate». Elle écrit : «La santé est le parent très pauvre de la Commission et la responsabilité politique, morale et juridique des décideurs est immense.»
Autre réaction, celle de Florian Philippot, président de la formation Les Patriotes, qui désapprouve tout autant l'autorisation délivrée au pesticide décrié, et réclame la sortie de l'Union européenne. «On en prend 5 ans de plus à cause de l’UE et de nos gouvernements soumis ! Une seule solution : l’indépendance par le Frexit !»
Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, s'ajoute au concert de protestations : «En renouvelant pour cinq ans la licence d’exploitation du glyphosate, l'Union européenne joue un jeu irresponsable avec la santé des Européens.»
Il en profite pour épingler le ministre de l'Environnement Nicolas Hulot qu'il estime se montrer «petits bras dans les actes face aux lobbys».
Charles-Henri Gallois, responsable national des questions économiques pour l'Union populaire républicaine, fait aussi un plaidoyer pro-Frexit, et dénonce : «Nos politiques n’ont plus de prise sur la réalité et leur seule plus-value est de décider s’ils vont couper dans le budget de la santé, de la Défense ou de l’éducation. Reprenons notre liberté et notre indépendance.»
Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de gauche, conseillère de Paris, estime que «Monsanto a gagné». «"L'Europe qui protège" est irresponsable et criminelle», fulmine-t-elle sur Twitter.
Malgré l'avis de la FNSEA, la France compte toujours sortir du glyphosate dans 3 ans
Alors que la classe politique dans sa quasi-totalité, exprime son mécontentement suite au vote de la Commission, deux voix tranchent avec cette unité. La Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), le plus grand syndicat du secteur, se réjouit du résultat du vote. «Nous actons ce compromis de cinq ans qui n'a été possible que grâce au pragmatisme d'un grand nombre d'Etats membres européens et nous déplorons que la France ne s'y soit pas ralliée et ait choisi de faire bande à part», a-t-elle écrit dans un communiqué. Tandis que le ministre français de l'Agriculture Stéphane Travert s'est dit «heureux» que les Etats membres de l'Union européenne soient parvenus à un accord sur le glyphosate, il a toutefois appelé à trouver des solutions de remplacement pour cet herbicide controversé.
Malgré le vote, le président promet toutefois qu'il fera interdire le glyphosate en France dans les délais les plus courts. «J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans», a en effet tweeté Emmanuel Macron.
Comment le vote a basculé en faveur de l'autorisation
Ce résultat, qui sonne comme un coup de théâtre, est en grande partie dû au revirement de l'Allemagne qui s'était abstenue lors du précédent vote. Le pays aurait simplement demandé des modifications au texte afin d'inclure des restrictions sur l'usage privé du glyphosate et le respect de la biodiversité, selon une source proche du dossier citée par l'AFP. Ce changement de position de l'Allemagne a contribué à faire pencher la balance en faveur d'une nouvelle autorisation.
La Commission va maintenant adopter une décision avant que l'autorisation actuelle n'expire le 15 décembre.
Lire aussi : La France votera contre le renouvellement du glyphosate pour 5 ans le 27 novembre