«La hiérarchisation artificielle des résultats de recherche […] est tout simplement de la censure directe et une violation de principes fondateurs de liberté de la presse», a déclaré la porte-parole du ministre russe des Affaires étrangères Maria Zakharova le 23 novembre pendant une conférence de presse à Moscou.
Le diplomate réagissait aux propos d’Eric Schmidt, président exécutif de la société mère de Google, Alphabet. Répondant à une question d’un journaliste lui demandant si Google facilitait la diffusion de la «propagande russe», ce dernier a déclaré le 18 novembre que le géant américain d'internet développerait des algorithmes spécifiques pour contrer RT et Sputnik sur sa plateforme.
«Nous travaillons à détecter et rétrograder ce genre de sites, c'est-à-dire en gros RT et Sputnik», a ainsi annoncé Eric Schmidt, assurant toutefois ne pas vouloir «interdire» les deux médias.
La porte-parole de la diplomatie russe a suggéré que cette décision ait été prise sous une forte pression politique de la part des autorités américaines. Il convient de rappeler qu’en septembre 2017, Google a déclaré n'avoir trouvé sur ses plateformes aucune preuve de tentative d'influencer les élections américaines de la part de la Russie.
Même si le responsable d’Alphabet s’est déclaré «très fortement opposé à la censure», c’est comme ça que cette décision a été perçu en Russie. RT a critiqué ces propos bien qu'aucun calendrier n'ait été communiqué, qualifiant cette proposition d'arbitraire.
«C'est bien d'entendre Google défier toute logique et toute raison : les faits ne sont pas autorisés s'ils viennent de RT, "parce que c'est la Russie". Même si nous avons également entendu Google dire devant le Congrès [des Etats-Unis] qu'ils n'avaient trouvé aucune manipulation de leur plateforme ni de violation de leurs règles par RT», a rappelé Margarita Simonian, rédactrice en chef monde de Sputnik et de RT.
Les autorités russes n’ont pas non plus tardé à réagir. Roskomnadzor, agence de supervision des communications et des technologies de l'information russe, a adressé une lettre à Google le 21 novembre afin de réclamer des clarifications sur les propos d'Eric Schmidt.