International

Pour déclencher une guerre avec l'URSS, Robert Kennedy voulait utiliser un faux avion soviétique

Un document déclassifié des archives JFK en octobre atteste d'un plan secret du frère du président Kennedy visant à faire porter la responsabilité d'une guerre à l'Union soviétique. Mais la CIA n'en avait pas les moyens et a dû renoncer...

Après avoir été qualifiés de «complotistes», certains voient finalement l'Histoire leur donner raison. En demandant la publication de 2 891 dossiers sur le site des archives nationales américaines le 27 octobre 2017, Donald Trump voulait «éteindre les théories du complot» entourant l'assassinat du président John F. Kennedy à Dallas en 1963. Et pourtant, c'est bien un complot qu'a révélé un document publié parmi les «archives JFK».

Le document en question, daté du 22 mars 1962, atteste en effet d'un plan secret visant à déclencher une guerre avec l'Union soviétique au moyen d'une opération sous faux drapeau. Comment procéder pour faire porter le chapeau d'une situation de casus belli à l'adversaire soviétique ? Rien de plus simple, pour le frère de JFK, Robert Kennedy, alors attorney general : il suffit de se procurer un modèle d'avion de l'armée soviétique, ou alors d'en faire une copie, et de l'impliquer dans un faux acte d'agression visant les Etats-Unis.

Ensuite, il suffisait de déclarer la guerre – défensive – contre l'URSS. Dans de telles circonstances, l'Organisation des Nations unies aurait-elle déjoué la supercherie ? Dans le contexte de la politique de containment et de la chasse aux sorcières maccarthyste, la presse et les médias auraient eux très probablement assuré une opération militaire américaine d'un soutien populaire.

Réplique impossible à réaliser aux Etats-Unis

Avant de finalement abandonner l'idée, la CIA s'est tout de même penchée sur la proposition créative de Robert Kennedy. Le service d'espionnage américain en est finalement arrivé à la conclusion qu'une copie d'un avion de chasse à réacteur Mig-17 fabriquée aux Etats-Unis aurait coûté très cher et n'aurait trompé les experts que de loin...

Quant à convaincre un pilote soviétique de faire défection afin de récupérer l'avion indispensable à l'opération, la CIA ne semble pas même avoir voulu tenter le coup. «La possibilité d'acquisition des aéronefs soviétiques est limitée en raison de la politique de plusieurs pays, qui consiste à accorder l'asile mais à rendre l'appareil [à l'URSS]», déploraient alors les analystes de la CIA. Pire, «le fait que les Etats-Unis soient impliqués dans des opérations de défection [...] pourrait être révélés», notent-ils encore. 

Le risque, en effet, est grand. D'autant que nous sommes encore en 1962 : la dénonciation intempestive de «fake news» pour couper court à toute interrogation ou à toute polémique ne connaîtra son heure de gloire que bien des années plus tard... 

Lire aussi : La rhétorique antirusse aux Etats-Unis correspond à une «récurrence du maccarthysme»