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Choix ou contrainte ? Au Royaume-Uni, les écolières voilées seront interrogées par les inspecteurs

Désormais, en Grande Bretagne, les inspecteurs scolaires demanderont aux jeunes musulmanes qui arborent un hijab à l'école la raison pour laquelle elles le portent. Le but de cette démarche : déterminer dans quelle mesure il s'agit d'un choix.

En Grande-Bretagne, Amanda Spielman, chef du Bureau des règlements scolaires, des services de l'enfance et des compétences (Ofsted), un service gouvernemental chargé de l'inspection des établissement scolaires, a décidé d’agir contre les cas de port trop précoces du hijab.

Les inspecteurs scolaires seront désormais chargés de savoir pourquoi certaines écolières en sont vêtues à l'école. Elle estime en effet que le port trop précoce du voile pourrait être «interprété comme une sexualisation des jeunes filles», ce vêtement étant traditionnellement revêtu à partir de la puberté.

Il faut savoir que le voile est déjà intégré comme un élément réglementaire de l'uniforme des élèves dans de nombreuses écoles publiques anglaises dès l’âge de cinq ans : une enquête du Sunday Times réalisée auprès de 800 écoles estime que près d'un établissement sur cinq aurait fait ce choix.

Amanda Spielman a pris cette décision après un entretien, le 17 novembre, avec les membres du think tank Social Action and Rresearch Foundation. Amina Lone, sa présidente, avait fait paraître une lettre dans le Suday Times intitulée «Le hijab n'a pas sa place dans nos écoles primaires», qu'elle a ensuite relayée sur Twitter.

Dans ce texte, elle s’alarmait de ce que de jeunes musulmanes, à partir de cinq ans, soient de plus en plus fréquemment voilées. «C’est un affront pour le combat historique pour l’égalité des sexes dans notre démocratie séculaire et cela créée une inégalité, une situation à deux vitesse pour les jeunes filles musulmanes. A l’heure de explosion de l’extrémisme religieux (de toutes les confessions), à l'échelle mondiale, l’Etat ne doit pas limiter nos droits mais défendre avec vigueur les libertés chèrement acquises et les valeurs progressistes», a-t-elle dénoncé.

Cherchant à s’assurer que l’école promeut l’égalité, Amanda Spielman a annoncé : «Les inspecteurs parleront aux petites filles qui arborent de tels accessoires, pour être sûrs de connaître la raison pour laquelle elles le portent à l’école.» Elle a aussi demandé aux parents, qui constateraient que des groupes fondamentalistes tentent d’influencer les codes de conduite à l’école ou d’enfreindre la loi, d'en référer à l'établissement scolaire ou directement à l'Ofsted.

Le Conseil musulman de Grande-Bretagne trouve ces questions sur le hijab «contre-productives»

Le secrétaire général du Conseil musulman de Grande-Bretagne, Harun Khan, a déclaré : «C’est très inquiétant que l’Ofsted ait annoncé que cela ciblerait spécifiquement les jeunes musulmanes qui ont choisi de porter le hijab. C’est décevant que cela devienne une consigne sans même que différents musulmans ouverts aient été consultés.» Il a demandé à ce qu’Amanda Spielman revoie sa décision et estimé que la promesse de l’Ofsted de renfoecer les valeurs anglaises risquait d’être «contre-productive».

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