Dans un courrier daté de 1986 et dévoilé le 11 novembre par le Daily Mail britannique, qui se l'est procuré auprès des archives publiques, le prince Charles s'ouvrait à son ami et écrivain Laurens van der Post de ses premières impressions au retour d'un voyage en Arabie saoudite, à Bahreïn et au Qatar, en compagnie de la princesse Diana.
Je suis à présent informé du fait que les Arabes et les Juifs appartenaient initialement au même peuple sémite et que c'est la migration juive européenne qui a apporté tous ces grands problèmes
Dans cette lettre, l'héritier de la couronne anglaise lui faisait notamment part de ses découvertes sur la situation géopolitique au Moyen-Orient : «Je suis à présent informé du fait que les Arabes et les Juifs appartenaient initialement au même peuple sémite et que c'est la migration juive européenne (venant surtout de Pologne, m'a-t-on dit) qui a apporté tous ces grands problèmes.»
«Je suppose que je suis trop naïf», confesse le prince
Plus loin, le prince Charles, énigmatique, s'interroge : «Je sais bien qu'il y a de nombreux facteurs à prendre en compte ici, mais comment peut-on venir à bout du terrorisme si personne n'en élimine les causes ?»
Il y aura bien un président américain qui aura le courage de s'élever contre le lobby juif aux Etats-Unis ? Je suppose que je suis trop naïf !
Et le prince de Galles d'appeler de ses vœux, in petto, une réaction de Washington : «Il y aura bien un président américain qui aura le courage de s'élever contre le lobby juif aux Etats-Unis ? Je suppose que je suis trop naïf !»
Erreur de jeunesse ?
Les services de la résidence royale de Clarence House, cité par le journal The Independent, ont réagi à ces révélations et ont assuré que les propos contenus dans ce courrier signé de la main du prince ne reflétaient pas ses propres opinions, mais celles des personnes qu'il avait rencontrées au cours de ce voyage.
Clarence House a également rappelé que le prince Charles s'était depuis lors illustré sur la scène de la diplomatie internationale et avait démontré ses compétences dans la promotion du dialogue interculturel et interconfessionnel entre les communautés juives et arabes à travers le monde.
La communauté juive d'outre-Manche réagit
La communauté juive du Royaume-Uni s'est émue et l'éditorialiste du Jewish Chronicle, Stephen Pollard, s'est fendu d'un Tweet cinglant résumant son état d'esprit. «A la fois choqué et pas surpris», a-t-il déploré, avant de glisser un lien vers une tribune de sa confection dans laquelle il étrille l'emploi de l'expression «lobby juif».
«Pour moi, le lobby juif est un de ces thèmes antisémites qui ont traversé les siècles. Il s'agit de ce mythe selon lequel il y aurait des juifs très puissants qui contrôleraient la diplomatie, les médias, les banques et je ne sais quoi encore.»
Puis il ajoute, visiblement alarmé : «Le fait que ces propos émanent de l'héritier de la couronne, c'est pour le moins déstabilisant.»