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Paradise papers : Elisabeth II et des proches de Trump et Poutine visés par l'enquête

Le 5 novembre, un consortium réunissant 96 médias a révélé les circuits d'optimisation fiscale qui seraient utilisés par les «super-riches». Il est aussi question d'une centaine de multinationales, dont Nike, Apple et Uber.

Une enquête journalistique internationale a levé le voile le 5 novembre sur des circuits planétaires d'optimisation fiscale, s'appuyant sur une fuite massive de documents. Dix-huit mois après l'affaire des Panama Papers portant sur la fraude fiscale, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), regroupant 96 médias de 67 pays, a commencé à dévoiler les «Paradise Papers».

A l'appui de ces révélations : la fuite de 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment d'un cabinet international d'avocats basé aux Bermudes, Appleby, obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.

Des documents provenant d'Appleby dévoilent notamment que le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a gardé des participations dans une société de transport maritime ayant des liens d'affaires étroits avec un riche homme d'affaires russe visé par des sanctions américaines et avec un gendre de Vladimir Poutine, selon le New York Times. Les documents révélés par le consortium de journalistes contiennent également des informations relatives à l'imposition d'une centaine de multinationales, dont Nike, Apple et Uber.

Les circuits auxquels ont recours les personnes fortunées et les multinationales pour déplacer leurs fonds dans les paradis fiscaux ne sont en soi pas illégaux. Cette pratique se joue des failles réglementaires pour leur permettre de payer le moins d'impôts possible. 

Un ami de Justin Trudeau dans la tourmente

Au Royaume-Uni, une dizaine de millions de livres sterling d'avoirs de la reine Elizabeth II ont été placés dans des fonds aux Iles Caïmans et aux Bermudes, selon la BBC et The Guardian.

Au Canada, le milliardaire Stephen Bronfman, à la tête de l'ex-société de vins et spiritueux Seagram, a placé avec son parrain Leo Kolber 60 millions de dollars américains (52 millions d'euros) dans une société offshore aux Iles Caïmans, selon des révélations du Toronto Star.

Cet ami de Justin Trudeau, responsable de la collecte de fonds lors de la campagne électorale de 2015 pour le compte du parti libéral canadien, pourrait être encombrant pour le Premier ministre, élu sur des promesses de réduction des inégalités et de justice fiscale.

Les fonds de la reine d'Angleterre mis en doute

Les fonds de la reine Elisabeth II placés aux Iles Caïmans et aux Bermudes, 10 millions de livres (11,3 millions d'euros), ont été réalisés via le duché de Lancastre, domaine privé de la souveraine et source de ses revenus.

Les fonds placés dans ces paradis fiscaux sont investis dans de nombreuses sociétés, dont Brighthouse, une société de location avec option d'achat de meubles et de matériel informatique accusée de profiter de la misère, ou encore une chaîne de magasins de spiritueux aujourd'hui en dépôt de bilan.

«Tous nos investissements font l'objet d'un audit complet et sont légitimes», a affirmé à l'AFP une porte-parole du duché de Lancastre. «Nous effectuons un certain nombre d'investissements, dont quelques avec des fonds à l'étranger.» Ces derniers ne représentent que 0,3% de la valeur totale du duché, selon elle.

Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a réagi sur Twitter, estimant qu'il y «avait une règle pour les super riches, une autre pour les autres quand il s'agit de payer les impôts».

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