La police tunisienne s’apprête à mener, le 4 novembre, une manifestation de protestation devant le siège du ministère de l’Intérieur, quelques jours après l'attaque terroriste survenue le 1er novembre, selon une source sécuritaire contactée par RT France.
Selon cette même source, qui a requis l’anonymat, l’Union nationale des syndicats des forces de sûreté tunisienne (UNSFST) a appelé à un mouvement de grève pour protester contre les mauvaises conditions de travail des services de sécurité et le désintérêt que manifeste, selon elle, la direction pour leurs revendications.
Au vu de la sensibilité de la question, notre source a préféré ne pas être nommée ou reconnue, car, a-t-elle expliqué : «Nous sommes toujours en train de mener des discussions avec les autorités de tutelle [la direction] en vue de trouver une solution pour toutes ces questions».
A l'origine de ce mouvement de protestation, on trouve l'attaque contre deux agents de la circulation, le 1er novembre dans la capitale tunisienne, qui a causé le décès du commandant de police Riadh Barrouta. Un acte, par ailleurs, qualifié de terroriste par les autorités.
Toujours selon la source, son enterrement, le 3 novembre, a ravivé l'épineux dossier des revendications socio-professionnelles des éléments du corps sécuritaire du pays. Comme a pu le constater RT France, beaucoup de policiers postés à différents emplacements de la capitale tunisienne ont porté, ce 3 novembre, des brassards rouges. Interrogés à ce sujet, certains jeunes policiers ont répondu qu'ils manifestaient ainsi leur deuil, pour d'autres le port de ce brassard n'était rien d'autre qu'un signe de grève.
«Nous sommes en deuil car notre collègue a été agressé et il est mort», nous explique par exemple un policier rencontré près de l’église de l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre ville de Tunis.
Les policiers exigent l'adoption de mesures législatives sécuritaires
Concrètement, les policiers réclament la mise en œuvre d’un ensemble de réformes sécuritaires mais, à leurs yeux, les autorités n'ont aucune volonté de réformer le système. Dans la liste des doléances des forces de l'ordre figure, par exemple, l'application de la loi sur l’indemnisation des agents des forces de sécurité intérieure victimes d’accidents de travail et de maladies professionnelles, adoptée en 2013, mais qui n’est toujours pas entrée en vigueur.
Cette attaque devant le Parlement, le 1er novembre a, en outre, relancé le débat sur une autre question sensible en Tunisie. De vives discussions portent en effet sur le projet de loi 25/2015 qui s'attaque aux moyens de réprimer les atteintes faites aux membres des forces de l’ordre. Le syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d’intervention, le syndicat des fonctionnaires de la direction générale de la sûreté publique et l’UNSFST ont donné un ultimatum de quinze jours aux autorités pour adopter le-dit projet de loi, que les parlementaires tardent à valider compte tenu des débats que ce projet de loi suscite dans l'opinion.
En vertu de son article premier, il a pour but de «protéger les forces armées contre les atteintes qui menacent leur sécurité et leurs vies». Il permettrait aussi de faire condamner tout outrage fait aux forces armées d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende d’environ 3 500 euros.
Des revendications exprimées dans un contexte sécuritaire toujours tendu
Alors que les autorités du pays continuent d'affirmer que les conditions de sécurité se sont nettement améliorées, l'appel à la vigilance est toujours de mise. Des démantèlements de cellules djihadistes sont régulièrement annoncés par le ministère tunisien de l'Intérieur.
La Tunisie vit sous état d’urgence depuis le 24 novembre 2015, à l'issue d'une attaque terroriste revendiquée par l’organisation Etat islamique, qui avait fait 12 morts au sein de la garde présidentielle.
Lire aussi : Un policier tué dans une «attaque terroriste» en Tunisie