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Catalogne : face aux menaces de Madrid, les indépendantistes envisageraient des élections anticipées

Trois jours avant la possible suspension de l'autonomie, un dirigeant indépendantiste catalan a évoqué à demi-mot la possible tenue d'élections. Madrid, avec une offre de dialogue, et Barcelone continuent de souffler le chaud et le froid.

Le bras de fer continue entre Madrid et Barcelone, alors que le Sénat espagnol doit se prononcer le 27 octobre 2017 sur la suspension de l'autonomie catalane, en mettant en œuvre l'article 155 de la Constitution. Afin de reprendre l'avantage, les dirigeants indépendantistes songeraient à organiser unilatéralement des élections en Catalogne. «Nous avons la preuve que c'est sur la table», a confié le député catalan Carles Riera, du parti de gauche indépendantiste CUP, cité par Reuters.

La tenue d'un scrutin serait une façon de mettre encore davantage la pression sur Madrid. Mais elle pourrait aussi, stratégiquement, sortir le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, d'une éventuelle impasse. De fait, si les partis indépendantistes venaient à l'emporter, la position du président catalan s'en trouverait renforcée. Dans le cas contraire, Carles Puigdemont aurait ainsi une porte de sortie en se pliant au résultat des urnes.

Négociations autour de la venue de Carles Puigdemont au Sénat espagnol

Mais la rumeur sert aussi peut-être les intérêts immédiats du président catalan, alors que des tractations étaient en cours ce 24 octobre pour une éventuelle prise de parole devant le Sénat. 

Parmi les formats envisagés, cette intervention de Carles Puigdemont pourrait prendre la forme d'un débat avec un membre du gouvernement espagnol, en commission ou en séance plénière, d'après le vice-président du Sénat Pedro Sanz, cité par l'AFP. Celui-ci a également laissé entendre que le débat pourrait même avoir lieu avec le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy lui-même. Pedro Sanz a présenté cette invitation comme un geste de «générosité» envers Carles Puigdemont. Il a aussi souligné qu'en venant, le président catalan se «soumettrait au système» en participant au jeu parlementaire.

Dans le cas où les deux parties ne parviendraient pas à s'entendre, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy compte destituer tout l'exécutif catalan et confier ses compétences aux ministères, prendre le contrôle de la police catalane, mettre sous tutelle le parlement et les médias publics régionaux et organiser des élections régionales dans les six mois.

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