Le mouvement ANO du milliardaire Andrej Babis, qualifié de «Trump tchèque», arrive largement en tête des élections législatives tchèques devant le parti radical SPD, anti-immigration et anti-UE, selon les résultats partiels du scrutin.
ANO, qui a fait campagne sur la lutte contre la corruption, contre l'accueil des migrants et la zone euro, obtient 31,69% des voix, d'après les résultats dépouillés de 63% des bureaux de vote.
Après sa victoire, Andrej Babis, cité par Reuters, a toutefois souligné que son parti restait pro-européen et ne remettait pas en cause l'appartenance de Prague à l'Union européenne et à l'OTAN.
Le SPD du Tchéco-Japonais Tomio Okamura arrive en seconde position avec 11,308%.
Il est talonné de très près par le parti de droite ODS, qui obtient 10,29%, alors que le Parti social-démocrate (CSSD) du Premier ministre sortant Bohuslav Sobotka accuse une chute brutale et n'arrive que 6e, avec 7,67% des voix, selon ce classement provisoire basée sur les résultats partiels.
Quatre autres partis franchissent également le seuil d'éligibilité de 5% selon ces résultats partiels : le Parti pirate (anti-système) avec 9,85%, le Parti communiste KSCM avec 8,51%, les chrétiens-démocrates KDU-CSL avec 5,913 et le mouvement STAN (rassemblement de maires indépendants et de personnalités régionales), avec 5,04%.
ANO et SPD pourraient avoir à eux deux 108 députés, au sein d'une chambre basse de 200 membres, selon ces résultats partiels.
Après avoir voté, le Premier ministre social-démocrate sortant Bohuslav Sobotka, avait résumé les enjeux, selon lui, du vote : «Les élections vont également décider de l'orientation de notre pays, si nous continuons à faire partie de l'UE et de l'Otan, si se renforcent ces extrémistes qui chercheront à nous faire sortir de ces structures garantissant notre sécurité, notre stabilité et notre prospérité.»
Un certain euroscepticisme, à des degrés variables, semble être le dénominateur commun de plusieurs formations qui briguaient les voix des électeurs.
Celle qui va le plus loin dans ce sens est le parti SPD («Liberté et démocratie directe») du Tchéco-Japonais Tomio Okamura. Ce dernier, fermement opposé à l'intégration européenne et à l'immigration, est porté par un courant d'opinion présent ailleurs en Europe de l'Est. Il a reçu le soutien de la présidente du Front National français, Marine Le Pen.
Quant à ANO, son chef, ayant fait sa campagne surtout sur la lutte contre la corruption, a promis aux Tchèques une «nouvelle étape» et une attention accrue aux «vrais problèmes des gens». Critique de la zone euro, Andres Babis a cependant rappelé après sa victoire qu'il ne remettait pas en cause l'appartenance de la République Tchèque à l'Union européenne.
Avec sept partis qui pourraient franchir le seuil d'éligibilité de 5%, la configuration de la future coalition que Andrej Babis sera chargé de mettre en place est difficile à prévoir.